Terreur du poulailler! Messages : 81 Date d'inscription : 04/12/2017
| Sujet: Le Roi des Faunes Mar 10 Avr - 10:34 | |
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Cette histoire s'est incrustée au cours d'un RP durant lequel des enfants se racontaient des histoires. Un récit conté dans le vent, sans conséquence... Il annonçait en réalité l'arrivée d'un personnage intriguant, dont les antécédents ainsi imagés sont difficilement interprétables... Barde, poète, le lyrisme était son apanage, et même s'il avait un double visage, nul n'aurait su dire quelle était la vérité, ni s'il n'avait quelque lourd secret à cacher.
Le calme était revenu dans les jardins, à peine le récit terminé, et seul le silence accompagnait les regards des enfants en émoi. Le vent joua dans leurs cheveux, passant entre les branches des arbres paternels, complice de l'auditeur caché. Il leur portait une voix venue du fond des âges semblait-il, une histoire... « Il était une fois... Non, il ne serait pas judicieux de commencer ainsi... Les enfants, vous connaissez certainement l'histoire du joueur de flûte de Hamelin, cet homme qui délivra la ville des rats et ne reçut aucune reconnaissance... Vous pensez sûrement tout connaître de lui... Mais sachez... que la vérité s'est perdue... ou a été cachée... Le joueur de flûte n'était pas humain. Un buste humain dressé sur un corps de cerf, des oreilles pointues, des bois majestueux... Lorsqu'il emmena les enfants, il ne les noya pas. Tout comme il n'avait pas noyé les rats. Le son de sa flûte enchantée entraîna les enfants et les animaux à sa suite aux plus profonds des bois. Il joua pour eux, et jouerait éternellement... Et les animaux dansaient. Et les enfants dansaient. Tous, sauf un. Un, restait à écouter, s'imprégnant de la musique.
Les enfants dansaient, encore et encore... Leurs corps infatigables s'adaptèrent à la vie des bois et à la mélodie infinie... Des oreilles pointues, des pattes d'animaux... Les esprits qui dansaient avec eux ne faisaient plus qu'un... Ainsi naquirent les premiers faunes. Un seul était différent. A n'écouter, ses oreilles s'agrandirent comme celles de ses frères. Mais son corps s'affina, il ne devint pas animal. Il était le premier Avari, le premier elfe.
Un jour, il ouvrit la bouche. Le chant qui s'échappa de ses lèvres était si pur que même le roi s'arrêta de jouer pour l'écouter. Et il vit son visage. Le corps de cerf se leva, et s'approcha. Il s'agenouilla devant la beauté du chant, et lui présenta sa flûte en récompense. L'elfe secoua doucement la tête, refusant simplement : "Si un jour ma voix ne me suffit, je voudrais trouver mon propre instrument." Le joueur de flûte le regarda, acceptant sa condition comme raisonnable. La fête allait continuer. La flûte accompagnait la voix d'une clarté à ce jour inégalée, sur laquelle les faunes et les animaux de la forêt prenaient encore plus de plaisir à danser. Et tous murmuraient : "Il a reçu le don des reines." Le roi regardait son pupille avec une fierté teinté d'envie. Il vint à lui pour lui dire : "Ton visage me plaît, pourrais-je te l'emprunter ?" L'elfe ne vit de raison de refuser, et accepta volontiers. L'obscurité de ses cheveux fut alors remplacée par la lumière du soleil, ses yeux couleur des forêts devinrent le reflet de l'eau. D'elfe des bois il devint haut elfe. "Tu garderas cette apparence tant que vivra le jour. Je te prends aussi le sommeil de tes nuits, tu resteras à jamais éveillé pour que perdure ton chant." Puis, le roi qui avait volé le visage de l'elfe, le chassa. "Va retrouver tes frères, toi qui n'es devenu mien. Explore le monde des hommes, et reviens me voir quand tu voudras mourir." Ainsi le roi égoïste aux cheveux de ténèbres punit-il le don de l'elfe qu'il jalousait depuis l'aube de sa révélation. Et l'elfe, docile et rêveur, partit pour se mêler aux hommes.
Nul ne sait ce qu'est devenu cet elfe. Dans la forêt, le son de la flûte s'entend quand vient le soir, et nul doute que les faunes dansent toujours... Mais le roi fit sans le savoir un magnifique cadeau aux hommes. La voix des reines s'est élevée pour eux, merveilleuse et magique. Et je pense qu'elle chante encore. » Un léger bruit métallique tira les auditeurs de leur bienheureuse torpeur. Le conte était fini. Sous leurs yeux, un vieux castor, assis sur une branche, réajustait ses lunettes. - Alors, les enfants ? Mon histoire vous a plu ?Et le castor s'évapora dans le vent, comme il était venu. |
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