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 Après l'orage

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Jarvan Lightshield IV
Jarvan Lightshield IV
Messages : 50
Date d'inscription : 03/02/2018
Age : 32
Localisation : Demacia
MessageSujet: Après l'orage   Après l'orage EmptyVen 15 Mar - 14:05

Après l'orage 7ecc2c11
Ceci est la suite de : SOS, princesse en détresse



Rentrer à Demacia ne fut pas une mince affaire. Blessés et en manque de provisions, nous avons atteint une des citadelles, hissées sur les frontières de Demacia. Nous avons été accueilli par les forces d’élites du Roi, ainsi que d’autres personnes qui m’étaient inconnus… Des membres de cet Ordre, les Illuminateurs, dont j’ai encore dû mal à saisir tout de leur rôle. Si seulement mon père m’avait mis au courant plus tôt. Luxanna partit avec eux et nous fîmes le reste du chemin chacun de notre côté. Si elle repart vers son Ordre, ma royale personne est raccompagnée jusqu’à l’hospice du palais, qui se trouve juste à côté de la Citadelle de l’Aube. Cet édifice est majestueux et semble imprenable. On pourrait s’y sentir en sécurité, avoir maintes raisons d’y rester… Mais j’en ai fait le tour et je passe plus de temps en dehors de ses murs de pierre, à vouloir découvrir et accomplir plutôt que de contempler les vestiges du passé.

Une fois arrivé, je suis pris en charge par les soigneurs de l’hospice. Je les laisse faire, silencieux. Je pose à peine les yeux sur eux lorsqu’ils posent les onguents sur mes plaies. Je bronche à peine alors qu’ils désinfectent et bandent mon torse... enfin j’essaye. En vérité, ils me font un mal fou, car la plaie est bien plus méchante que prévu... Pourtant, je ne réagis pas beaucoup à leurs indications et conseils pour mieux me rétablir. Et puis, ils finissent finalement par se taire.
Ce silence soudain me fait lever les yeux vers les soigneurs qui s’inclinent devant le nouvel arrivant. Le Roi. Mon Père.
D’une main, il leurs demande de quitter la pièce et ils s’exécutent. Le silence continue de planer tandis que nos regards se croisent et se jugent. Sa Majesté finit par fermer la porte et se déplacer vers moi, prenant un ton sévère :
- N’es-tu donc qu’un idiot, Jarvan ?

Je vais pour me lever, et lui faire face, déjà prêt à lancer une réponse, qu’il m’en empêche, me forçant à rester assis.
- Tu désobéis aux ordres de ton Roi, tu prends des hommes et tu pars tête baissée, armé de pauvres indices alors que j’ai chargé les personnes compétentes d'effectuer les recherches ?!
- Père, je… !
- TU n’avais pas à agir sur cette affaire. Ton rôle n’est pas de partir, ni d’aller à l'encontre des ordres.
- Je les fais pour secourir une amie. J’étais le seul à pouvoir la trouver rapidement et efficacement. Je- … !

Le regard du Roi devient beaucoup plus dur et je fais de même. Il sort un document, déjà scellé. Il s’agit très probablement du rapport de mes hommes et celui des Illuminateurs...
- Tu as délibérément suivi les traces de Lady Crownguard, en sachant très bien qu’elle avait été enlevée par des hommes dangereux… Des mages, en plus de cela ! Oses me dire que tu ignorais tous les dangers que tu encourais ?!
- Non, je ne l’ignorais pas.
- De ton plein gré, tu es rentré seul dans leur campement, sans attendre un quelconque renfort, et tu as risqué ta vie, laissée entre les mains de personnes très peu recommandables qui ont failli t'exécuter.
- Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est produit, je-
- TU es l’héritier du trône de Demacia ! L’aurais-tu oublié ?!

Je serre les dents, la colère monte, et mes poings se sont resserrés alors que mon père le Roi a monté le ton. Il est hors de lui.
- Ta tentative de sauvetage a failli vous coûter la vie à tous les deux, et tu as commis d’innombrables erreurs de jugements. J’ai connu bien mieux venant de mon fils.
- Je… je n’avais plus le choix !
- Si, tu l’avais. Si tu n’avais pas fait ces erreurs stratégiques et que tu aurais attendu tes hommes.
- Lux se serait fait tuer pendant ce temps !
- Ils ne lui auraient rien fait…
- Parce qu’ils sont pareils ?! C’est ce que vous essayez de me dire, Père ?

Mon cri m’a fait me lever d’un bond. Je dois me retenir de tituber, tant la douleur de la plaie me fait souffrir. Mais j’arrive à tenir, et à faire face au Roi. Nous faisons quasiment la même taille. Malgré que le Roi est vieilli, il n’a pas perdu de sa prestance. Il me toise alors que mon visage est tiré par la colère. En les mentionnant, “eux”, et en lui faisant face de cette manière, sa Majesté a réprimé l’envie de me faire un gnon dans la figure. Mais il est resté digne et devient beaucoup plus froid.
- Des bandits, des renégats, et de plus des mages… T’attendais-tu vraiment à ce qu’ils t’écoutent ?
- Si j’avais pu parler avec Adrien convenablement, on aurait pu s’entendre et ils l’auraient laissé pa-
- NE prononce PAS ce nom ici ! On ne discute pas avec un criminel ! Cet homme… a assassiné des démaciens, de honnêtes gens, il méritait la peine de mort.
- Et s’il s’agissait d’une erreur, d’un mauvais jugement de la justice, parce qu’il était un mage ?
- Ton jugement t'as amené à l'exécuter, non ? As-tu rendu justice à ce mage ? Tu as rendu la situation dramatique et Luxanna a dû montrer ses pouvoirs au grand jour pour repousser vos assaillants, et te sauver la vie.

Je recule d’un pas, quelque peu surpris. Il a donc été mis au courant de cet… accès de rage. Ma crainte refait surface, elle s’est pourtant tapis dans l’ombre jusque là, alors que je repense à Adrien et aux siens. Le Roi observe mon silence et souffle, pour revenir au calme. Il attend quelque instant, alors qu’il passe sa main sur son visage. La tension est toujours présente.
- Tu ne me laisses pas le choix, Jarvan, Reprit-il.

Il me regarde, de nouveau avec ce visage austère :
- Je te rétrograde.
- Plait-il ?!
- Tu as bien compris. Je te rétrograde pour un temps, et tu récupéreras le commandement lorsque je l’aurais décidé.
- Père, vous-
- SILENCE ! Et … concernant le secret de Lady Crownguard…

Je tressaille et j’ai dû mal à ne pas le montrer. Le Roi le remarque et empoigne mon épaule valide. Un geste… qu’il n’a plus fait depuis longtemps.
- Je suis sûr que tu sauras faire la part des choses. Il le faudra… En tout cas, tu auras le temps d’y réfléchir. Je tâcherais, lorsque je te penserais prêt, à te dire tout ce qu’il faut savoir concernant l’Ordre des Illuminateurs.
- Pourquoi… pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?

Le Roi ne répond rien alors qu’il s’éloigne et ouvre la porte de l’hospice. Je me rassoie sur le lit, ma tête dans mes mains, luttant contre une migraine naissante.
- Parce que je voulais te préserver, Finit-il par dire alors qu’il s’est arrêté. Je voulais … t’épargner d’avoir toujours le doute sur ton amie. D’être constamment prudent en sa présence. Parce que… Ils sont ce qu’ils sont. Et Demacia a ses lois…

Je serre ma chevelure dans mes doigts, qui tombe lentement devant mon visage. Le Roi ne me regarde déjà plus, où j’aurais senti le poids de ses reproches. Je crois l’entendre soupirer, las, et il finit par dire :
- Tu comprends maintenant pourquoi nous ne t’avons rien dit…

Cette phrase résonne comme le glas du désespoir pour mon cœur, tout comme ses pas résonnent dans le couloir, lentement, prolongeant l’écho de mes craintes. Seul, accompagné de mes angoisses, je tremble un peu plus. Bataillant avec mon esprit, voulant croire que ce que j’ai vu là-bas est faux. Que tout est arrivé parce que… Merde ! Comment j’ai pu ne rien voir plus tôt ? Nous trois, avec Garen, accomplissant les plus grandes aventures que des enfants puissent faire. Nous avons grandis, nous nous sommes battus, toujours ensemble, mais… Elle avait ce secret que je n’ai pas su comprendre dans ce campement, alors qu’il me sautait aux yeux depuis toutes ces années…
Qui est le monstre dans cette histoire ? Elle, qui m’a sauvé la vie avec cette puissance effroyable ? Ou moi, qui lui ait lancé ce regard, la jugeant ?

Au nom de… De Demacia… ?



Après l'orage Demaci10



Trois jours se sont écoulés depuis notre retour à Demacia et mon entretien avec sa Majesté. De longues journées de solitude, où je n’ai croisé qu’occasionnellement d’autres personnes dans le palais. Il m’est arrivé plusieurs fois de vouloir passer la porte qui mène à la salle du trône, là où mon père, le Roi, se trouve. Mais…
Je me sens pourtant prêt à apprendre, à prendre connaissance de tout ce qui m’est inconnu, à faire des recherches sur des rapports qui parleraient des mages, d'Adrien et bien d'autres secrets. Mais…
Qu’est-ce qui m’arrête ? Pourquoi je ne passe pas cette fichue porte … ? Bon sang !
Peut-être ais-je encore peur de comprendre … ? De l’accepter ? ...
Lâche. Ignorant. Incapable.
Soit… Je reviendrais lorsque... Je serais digne et… prêt. J’ai mérité ce qui m’arrive, au fond j’en suis persuadé.

Ces longues journées de rétablissement m’ont forcé à rester passif. Étant écarté des affaires du Royaume pour une durée que seul le Roi connaît, je ne peux même pas avoir la satisfaction de résoudre les problèmes du peuple, ni celle d’occuper mon esprit, et encore moins celle de sortir du palais. Cet endroit regorge de souvenirs, partout où je pose le regard. Et si ce ne sont pas mes songes qui m’envahissent, c’est cette impression que je tourne en rond à essayer de fuir la vérité.
Mais… N’est-ce pas ce que je suis en train de faire ? Fichtre.

Le terrain d’entraînement, le refuge du guerrier. Même cet endroit ne semble pas réussir à m’apaiser. Si encore je pouvais me défouler sur les mannequins de bois mais mon flanc droit n’est pas encore bien remis. La blessure infligée par ce mage me lance encore, à croire qu’il a insufflé quelque chose dans son projectile, mais ce n’est que pure spéculation…
Je finis par soupirer face au silence des cibles. Elles restent de marbre devant les plaintes de ma pitoyable personne… Merde, de l’esprit, vite, il faut vraiment que je trouve quelque chose à faire. Me sentir inutile est bien la pire chose qui puisse m’arriver.
Je pars en trombe, encore en train de fuir quelque chose d’invisible. Je n’ai plus nourrit autant l’imagination depuis des lustres, et pourtant j’ai l’impression qu’un mage peut sortir de nul part “Coucou, Altesse” et me montrer une démonstration monstrueuse d’un pouvoir incontrôlable. Bougre de…
Je finis par débouler dans la grande bibliothèque, où les personnes présentes sursautent, surprises de voir quelqu’un arriver si vite. Pourtant je n’ai fait que marcher dans le couloir… Oui. Hum…
En me reconnaissant, ils se lèvent et s’inclinent, et je répondis en faisant de même, silencieux. Je m’avance plus tranquillement vers un rayon et prend le livre dont l’intitulé est “Voyage et mésaventures aux frontières”. Il complètera bien celui que j’ai entamé. Si je le finis. Oui… J’ai du temps. Ma main libre atterrit sur mon front, j’en viens à être mal à l’aise par mon propre comportement… Quel bordel… Bon, prenons autre chose. J’attrape “L’Art de la guerre” et je repars du lieu plus vite que mon ombre.
Je me dirige vers mes appartements, souhaitant très fort de ne pas croiser le soigneur, Bervin, qui s’occupe régulièrement de la famille royale, parce qu’il-
- Votre Altesse ?

… Fait chier. Mon langage est peu noble, mais la situation l’exige. Il suffit de le voir pour comprendre mon hésitation à me retourner… Lorsque je le fais, je me souviens pourquoi je déteste cet homme. Dépourvu de sourire sur le visage, son regard est fin et vous avez toujours cette impression qu’il vous plante. Il pratique une discipline certes difficile et louable, qui sauve des vies. Mais il n’est pas gentil, ou en tout cas pas avec moi. C’est une façon d’être qu’il utilise sans doute avec ses pires patients. Je dois bien l’avouer, je ne suis qu’une tête de mule, et cela l’agace...
- Vous n’êtes toujours pas en train de vous reposer ? , Commence t-il lentement, insistant sur le dernier mot.

Il est la personnification du couteau que l’on tourne dans une plaie ouverte…
- Pourtant, vous avez une mine affreuse, des cernes et une fatigue plus qu’évidente - Il incline le buste - Avec tout le respect que je vous dois, votre Altesse royale le prince Jarvan, quatrième du nom.
- Est-ce terminé ?

Mon ton est incisif et l’impatience se lit dans mes yeux. Pour la première fois de ma vie, j’ai cru voir un tout petit sourire, ou un simple trait qui diffère de l’habitude sur le visage de Bervin. Il s’approche et me met dans les mains un bol, qui a bien failli se renverser et m'ébouillanter…
- Tâchez d’écouter votre corps, vous lui rendrez service et vous vous rétablirez plus vite. Buvez ceci avant de vous coucher.

Il s’incline respectueusement et s’en va. Je souffle, soulagé et je louche sur le bol. L’odeur qui s’en échappe est plutôt agréable, mais je sais que le goût sera neutre, pas terrible pour une personne habituée aux mets raffinés. Bervin a terriblement raison, comme toujours. Si je me suis dirigé ici, instinctivement, c’est pour répondre à l’envie de me reposer. Mais… Toujours ce mais.

J’arrive au niveau de la porte et j’entre. Je pose le livre sur un meuble à ma droite, en face au fond de la pièce se trouve un grand bureau où est entreposé de la paperasse rangée. Un chevalet avec une œuvre inachevée se trouve juste à côté. Un lit baldaquin est dans l’autre pièce à gauche avec quelque meubles. A l'opposé, à ma droite, se trouve la dernière pièce où je peux y faire ma toilette. Rien de bien fou, je ne vis pratiquement plus ici. Mais mon endroit favori reste cette fenêtre qui donne sur une vue splendide de Demacia. Pour le moment, l’heure n’est pas à la contemplation, ni à la réflexion… Sinon Bervin va revenir me hanter. Il ne sera pas le seul…
Je me détourne de la fenêtre pour entrer dans la pièce secondaire. Je commence à boire la préparation du soigneur et comme je le pensais ça n’a aucun goût à part celle d’un mélange de plantes. Je me force à en boire quelque gorgé et je le dépose sur une table de chevet. Là, un petit objet y est niché, toujours à la même place depuis toutes ces années. On s’était donné dû mal pour le faire ce cheval en bois avec son cavalier, levant un étendard. Garen avait fait le cheval et moi le soldat… Et Lux avait sculpté le symbole sur le drapeau. Douée pour le dessin depuis toute petite. D’habitude, la vue de la sculpture me force à sourire et apaise mon cœur. Mais aujourd’hui je…
Juste à côté du chevalier de bois, une bague scintille à la lueur du jour... C'est une bague de fiançailles. Celle de Lux... Ce souvenir là est moins apaisant. Il me rappelle que nos destins sont déjà liés, par le choix des autres... Et Luxanna n'a pas voulu qu'on lui impose des choix dans sa vie qu'elle n'a pas fait. Mais... Étant un Prince de sang Royal, je dois choisir une Dame... Une personne qui veut de moi.

Je me lâche sur le lit, comme on lâche un sac de pommes de terres. Ne prenant même pas la peine de me mettre sous les draps, je me mets sur le dos pour fixer le plafond en bois du baldaquin. Un vent plutôt doux s’engouffre par la fenêtre de cette chambrette et soulève les voiles du lit. Le monde entier semble vouloir apaiser mon âme, qui patauge dans les ombres. Je finis le contenu médicinal du bol avant de me recoucher et de fermer les yeux.
Ce qui s’est passé, ce que j’ai vu, ce que nous avons fait, tous les deux, lorsque nous étions dans ce camp… Lux… Je n'arrête pas de penser à toi...

Merde.
Essuies donc ces larmes, Altesse… Pas maintenant.
Pour l’heure, j’ai… vraiment besoin… de dormir…

Mais j’ouvre les yeux, et d’un air décidé je me relève. Ma tête commence à se faire lourde et je me traîne presque vers mon bureau pour trouver une feuille vierge et une plume avec de l’encre. Je dois mettre un point final sur cette histoire, je suis le seul à pouvoir le faire... Sur toutes ces histoires. Car en vérité, depuis son refus de nous unir, nous n'avons pas vraiment... parlé. Il faut en finir… Peut-être pas maintenant, mais… Demain, oui, parfait ! Une invitation, non, plutôt une convocation ? Je n’ai plus le droit de faire ça… Fichtre.
Bon disons, juste “Viens au palais, s’il te plait ?”... J’ai eu un meilleur verbe que ça. Tabernacle ! De plus, si je lui envoie ce message, confié par la garde royale, elle n’acceptera jamais de poser un seul orteil ici. J’imagine sans mal ses grands yeux en colère et sa petite voix qui résonne : “Que son Altesse le prince déplace ses royales fesses, s’il a quelque chose à me dire !”. Le dirait-elle avec ces mots ou serait-elle si irritée qu’elle emploierait des termes plus charniers ?
Dans un long soupire, je passe ma main sur la figure. Il faut vraiment agir, avant que je devienne fou. La plume gratte sur le papier, juste quelque mots destiné à Lux, puis je plie la lettre. Scellée et nommée, je la confie non pas à un des gardes du palais, mais à un messager très capable. Outre le fait qu’il s’est demandé s’il ne devait pas rester quelque minutes près de moi, il obéit et file à toute vitesse, emportant les pièces gracieusement offertes. J’ai dû lui donner l’impression que j’allais m’effondrer… Ce n’est pas très loin d’être le cas. Bervin et sa médecine...
De retour dans mon lit, les choses à peu près en ordre dans mon esprit, je peux tenter de dormir… Si toutefois ma migraine me laisse tranquille...

La famille royale a des secrets bien verrouillés, que personne ne peut approcher, à moins d’être mis au courant par le Roi… Même moi je n’en connais que des parcelles, et elles me font frémir d’effrois la plupart du temps… J’ai moi même de lourds secrets que je cache, à l’abri du jugement du Royaume tout entier. Moi, le prince qui cache une demi dragonne… rien que ça. Elle fait tout pour ne pas dévoiler sa vraie nature, c’est notre accord. Ainsi elle peut vivre parmi les démaciens. Shyvana est-elle si différente d’un mage ? De Lux ? Luxanna qui cache sa nature tous les jours … Parce que son pays enferme, condamne ou exil les mages… S’il ne les chasse pas pour les tuer.
Mais merde… Comment ais-je pu être aussi dur avec elle ?

Je suis pourtant le seul… à pouvoir comprendre…

… Ou au moins essayer…




Après l'orage Lettre11


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Luxanna Crownguard
Luxanna Crownguard
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MessageSujet: Re: Après l'orage   Après l'orage EmptyJeu 19 Mar - 23:44

Trois jours, voici trois jours que je me torture l’esprit, trois jours à tourner en rond et à m’imaginer tout et n’importe quoi, trois jours beaucoup trop longs, et je ne parle même pas du sermon...

~~~~*~~~~

Le retour s’était relativement passé sans encombre, déjà j’avais retrouvé avec un soulagement non dissimulé mon cheval en pleine santé. Il m’avait été d’un grand réconfort alors que nous faisions route vers Démacia, assez mal préparé au trajet plus long que prévu. Enfin, pour ma part je n’étais pas partie dans la nature toute seule sans provisions, mais visiblement mon prince n’y avait pas tellement pensé et nous avions donné le plus gros à Hector et sa famille.
La pensée du grand nounours et des autres en sécurité m’avais réconforté, au moins tout ceci n’avait pas servit à rien, y compris le décès d’Adrien et de ses comparses. Je ne savais que penser de leurs idées et elles trouvaient malheureusement un écho réel en mon esprit, un écho qui me rappelait aussi les paroles de Sylas… Une fois rentrée j’allais devoir trouver le moyen de lui parler, je n’aimais pas ce que j’avais vu, et cela me mettais mal à l’aise car il y avait dans sa propre rancœur quelque chose que j’avais perçu chez Adrien aussi…et que je n’avais vraiment pas aimé.

Bref, des pensées sombres m’habitaient, et d’autant plus que planait au dessus de moi le jugement de Jarvan. Nous ne nous étions pas adressés la parole depuis la clairière, et je n’osais toujours pas affronter son regard… ni sa colère d’autant plus trompeuse qu’il affichait un calme glacial.

La seule consolation que je trouvais dans cette situation est qu’elle lui expliquait sans doute une partie de l’affront récent que je lui avait infligé, et qui me tourmentais également. Il était d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’avais eu besoin de m’isoler, ça et la colère maternelle qui s’était abattue sur moi lorsque je ne m’étais pas présentée à mes fiançailles arrangées avec le prince. Fort heureusement pour moi, et quoique j’ignore pourquoi exactement, cette petit cérémonie avait été prévue en privée et à une vitesse assez étonnante pour des fiançailles royales. Ce qui nous épargnais un affront publique et ce que cela pouvait impliquer derrière, le spectre de Fiora Laurent planait désormais sur ce genre de célérations. Bref, même si cette rapide rencontre était à huis clos, elle avait belle et bien été organisée, personnellement j’y voyais là plus une pré-demande, un geste sans doute motivé par l’ami derrière le prince qui aurait voulu me surprendre tout en me laissant une porte de sortie ?

Mais dans ce cas, pourquoi ne pas m’avoir posé la question avant seuls à seuls ?

Pourquoi cette obligation en passant par ma famille sans même me consulter ?

Pensait-il à se point que je ne pourrai être que d’accords ?

Une vague colère s’était encore emparée de moi alors que je retournais ces questions dans ma tête, en même temps que de la culpabilité, et… beaucoup trop d’émotions pour mon petit crâne, beaucoup trop de non dit. Il devait être tellement furieux, et pourtant il était partit voler à mon secours… Je lui devais tellement d’explications, et d’excuses, si tant est qu’elles puissent suffirent. Je me préparai déjà à mon exil, à devoir subir l’épreuve de la couronne de pierres et j’exagérai certainement à peine.

Une fois aux mains de mes supérieurs illuminateurs, j’attendais de pouvoir m’adresser à ceux qui savaient et débitait toute la situation d’une seule traite, la voix éteinte et la nuque basse. Je ne cachais rien de la situation, à quoi bon de toute manière, ils faisaient partis des rares personnes à savoir et accepter ce que j’étais. Je ne grimaçais même pas lorsqu’on désinfecta mes poignets et les quelques blessures superficielles que j’avais récupéré pendant la bataille. Lestrin en personne s’entretint avec moi, et le plus dur fut sans doute d’affronter la déception sans borne dans son regard et dans celui de Kahina. Ils convinrent cependant tout les deux que si la situation de base était entièrement ma faute, j’avais géré au mieux la suite, et permis à Démacia de garder en vie l’héritier de son trône en plus d’avoir éliminé, ce que j’ignorais, une nuisance qui terrorisait la région depuis un moment. La grande question allait être, qu’est-ce que cet héritier allait penser de moi après ? Et plus encore, quelles têtes tomberaient si d’aventure il en réclamait. J’aurai aimée m’ensevelir dans une caverne et ne plus en ressortir avant au moins milles ans.

Bien évidement, je n’eus pas ce loisir et dût affronter la dernière vague d’indignation et de reproches, celle de mes parents. Ils furent tout d’abords soulagés de me retrouver, et je failli perdre deux côtes dans le câlin bourru que mon père m’accorda de prime abords. Le reste fut… douloureux, ils n’avaient pratiquement pas de mots pour décrire leur déception et je ne fis rien pour tenter d’adoucir mon sort. Je me sentais coupable, coupable d’avoir pris un risque, que je pensais certes minime à la base, mais qui c’était avéré énorme, et surtout j’étais coupable que ce risque fasse peser un danger immense sur toute ma famille… Ils pouvaient tout perdre à cause de moi, à cause de ce que j’étais, à cause de mon obstination à ne pas réussir à rentrer totalement dans le rang.

J’aurai tellement voulu leur faire plaisir et être une démacienne comme les autres.

Ils n’avaient pas encore le détachement nécessaire pour m’accorder au moins le bénéfice d’avoir sauvé la situation, ou peut être qu’ils ne voulaient même plus m’accorder cela vu que j’allais de fiascos en mauvaises nouvelles ces derniers temps. Je n’osais même pas penser à la réaction de Garen...

On me mis plus ou moins aux arrêts, c’est à dire enfermée dans ma chambre comme une enfant récalcitrante. Ma mère me susurra que tout ceci n’était pas terminé, je m’en mordillais la lèvre frénétiquement, rouvrant ma blessure et m’emplissant la bouche du goût métallique et amer de l’échec.

~~~~*~~~~

Et tout cela faisait trois jours… Trois jours, voici trois jours que je me torture l’esprit, trois jours à tourner en rond et à m’imaginer tout et n’importe quoi, trois jours beaucoup trop longs, et ce sans la moindre informations…

~~~~*~~~~

On toque à ma porte, je soupire et me sors du livre dans lequel j’avais réussi à me plonger pour me changer les idées. Est-il l’heure de manger ? Non pourtant je ne crois pas, une collation peut-être ? Je doute que ce soit un membre de ma famille, ils n’arrivent même plus à me regarder dans les yeux, je soupire, lisse les plis de ma robe et mes cheveux moyennement coiffés, puis ouvre la porte.

"Oui, de quoi s’agit-il ?"

Notre majordome se tient devant moi, un jeune garçon à ses cotés, son uniforme est celui d’un page du palais, il me tend une missive qu’on semble lui avoir enjoins à me remettre en main propre, il est visiblement très gêné d’avoir refusé à notre vieux et autoritaire majordome l’honneur de délivrer le plis. Je souris, alors que mon cœur se serre et que l’angoisse m’empêche presque de respirer.

"Merci, je vais la lire rapidement. Sébaste, donnez lui donc un rafraîchissement pour sa peine s’il vous plaît."

"Bien Dame Luxanna…"


Je sens le regard un peu lourd de notre majordome sur moi, je sais qu’il se fait du souci, lui n’est pas au courant, où plutôt devrai-je dire, il n’est soigneusement pas au courant, de quoi que ce soit, nonon, jamais. Il est comme un membre de notre famille, et je sais qu’il me considère presque comme l’un de ses enfants, encore une personne à qui je fais de la peine… décidément.

Mes mains tremblent alors que je me dirige vers mon bureau pour ouvrir la lettre. Cette dernière semble cacheté à la va vite, mon nom est griffonné dessus comme si mon interlocuteur épistolaire avait eu un mal fou à écrire. Intriguée, tout ceci n’est certainement pas très officiel, j’ouvre et tente de déchiffrer le pli.

L’écriture ressemble à celle d’un homme ivre qui tient sa plume avec ses deux mains, je passe facilement une bonne dizaines de minutes avant de comprendre ce que me veux son royal rédacteur. Je dois dire que je suis plutôt étonnée, car il s’agit là bien d’une demande amicale à me parler… Je ne sais pas quoi en penser, j’eusse sans doute été plus affermie dans mes pensées s’il avait envoyé une convocation en bonne et du forme.

*Que son altesse remue son auguste postérieur et vienne me parler en personne s’il a quelque chose à me dire !*

Je me fais sourire un bref instant puis soupire… Vraiment, me promener dans les jardins en plein midi ? Mais qu’est-ce que cet homme a dans le crâne pour penser qu’une telle discussion pourrait être confidentielle avec tout ce qui traîne comme oreilles dans ces plantes, même à l’heure ou chacun mange? Sans compter qu’il semble avoir écrit tout ceci sous l’emprise de la boisson.
Je soupire, respire, soupire encore et me tape à moitié la tête contre mon bureau. Puis finit par prendre une décision stupide… une de plus, allons-y de toute manière au point où j’en suis, je ne risque plus grand-chose. Et c'est à mon tour de me demander ce que diable j'ai dans le crâne.

~~~~*~~~~

Minuit, le Zénith de la Lune, je suis en train de me faufiler dans les couloirs de la plus grande forteresse démacienne et de m’approcher de la chambre du prince en toute impunité.
Et le plus drôle dans tout cela ? Je le fait au grand jour dans une armure étincelante, et casquée.
Les patrouilles ne songent même pas à arrêter un chevalier radiant en uniforme d’apparat qui se dirige d’un air décidé vers un point connus de lui seul. Si mon petit subterfuge échoue, demain je suis bonne pour le pilori public !

J’arrive devant les appartements royaux plus ou moins sans encombre, le saut cacheté sur la lettre de Jarvan fait sauteur les dernières réticences des gardes qui attendent à l’entrée et je profite des alcôves diverses pour me rendre bien plus discrète.

Un vase renversé par une main invisible en guise de diversion plus tard, je pénètre dans l’antichambre du prince, puis dans sa chambre tâchant de ne pas m’appesantir sur les souvenirs que je vois accrochés ou exposés par-ci et par-là dans ces pièces.

Je ne pense pas être extrêmement silencieuse, cette armure n’est pas là pour ça, et moi non plus. Je reste méfiante néanmoins, n’ayant pas envie de me prendre un poing princier surpris dans la poitrine… au mieux. Je vais garder ce casque encore un petit moment je pense.

J’avise le lit, le baldaquin n’est même pas fermé et Jarvan est allongé de tout son long dessus… Encore habillé, je pousse un soupir de soulagement, je n’ai pas vraiment envie de le voir en chemise de nuit pour la discussion que nous devons avoir ou pire, qui sait dans quel état de dénuement il aurait pu être après s'être saoulé!

Un bref instant je m’arrête sur son visage au repos, ses cheveux sont éparpillés sur l’oreiller et il semble plus détendu que je ne l’ai vu depuis des années. Une barbe naissance ombre légèrement ses joues et je me rends compte à quel point l’ami que j’ai connu est devenu he bien… un homme et plutôt un très bel homme à vrai dire. Cette réflexion me court-circuite un moment l’esprit et je rougis sous mon casque, est-ce vraiment le moment de penser à ça Luxanna ? Je me secoue intérieurement et retire un de mes gants, puis fait quelques pas et pose ma main sur l’avant bras alanguis de la princesse endormie.

"Jarvan.. !"
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Jarvan Lightshield IV
Jarvan Lightshield IV
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Localisation : Demacia
MessageSujet: Re: Après l'orage   Après l'orage EmptyLun 23 Mar - 20:57

Des rues pavées, des maisons de pierres, des statues de marbres au milieu d’une grande place… Tout est blanc. Je reconnais entre mille ma cité, ma patrie. Demacia.
Mais...
J’ai l’impression d’être un étranger ici. Cette sensation est troublante et est accentuée par le fait qu’aucun passant ne me regardent… Et je suis bien incapable de m’exprimer, de lever le bras pour attraper une épaule. Je reste planté là, en silence. Incapable, impuissant.
Je ne peux rien faire…
Soudain, je vois les murs voler en éclats, le sol pavé est recouvert du sang de mon peuple. Du coin de l’oeil, je distingue ces ombres qui fuient, j’entends leurs hurlements. Ils essayent d’échapper à quelque chose… Que je ne vois pas. Alors qu’il est censé me faire face. Je veux les aider ! J’en ressens l’envie, c’est là mon devoir.
Mais je ne fais rien. Je ne peux pas. Je fais face au vide qui se creuse. A l’énorme gouffre béant qui se forme dans ma cité.

A quoi bon se battre ?

Tout part en fumé. Je ressens la chaleur des flammes proches de moi, l’odeur du sang, les cris résonnent encore dans mes oreilles, mais je ne peux rien faire à part regarder. Pourquoi ?! Je finis par fermer les yeux, me tenant la tête. Je ne veux plus ! Ni les voir, ni les entendre. Parce que je suis incapable de les protéger …

Imposteur ! Traître !

Puis...
Tout s’arrête. Je rouvre les yeux et constate avec horreur le massacre. Ma cité, mon peuple… Tout est détruit. Il ne reste plus rien. Et moi, épargné, je suis seul au milieu de ces ruines. Pour quelle raison suis-je encore là ?
Il se met à neiger, mais noir. Des cendres recouvrent les vertiges d’un Royaume fort, pour lequel je me suis battu… Mais, non, pas là, je n’ai pas pu… P-Pourquoi… ?
Les cendres se mêlent au sang, que je regarde ruisseler dans les rainures des pavés devenus gris… Je peux suivre une piste. Je lève le regard vers un corps meurtri étendu au milieu de la place… Abandonné là, entre le chaos et le calme morbide. Je plisse les yeux pour mieux voir…

Non…
NON !

Je me mets à courir. Comment le puis-je ?! Pourquoi agir maintenant ?
J’ignore tout, la douleur de cette soudaine frénésie, la cendre autour de moi, l’odeur du sang l’accompagnant et je tombe à genoux pour regarder son visage… Inerte, sans vie. Ses yeux, habituellement si expressif, si pétillant, sont désormais vides.
Tu ne peux pas mourir ! Pas toi… Jamais !
Les cendres nous recoudre, alors que je la serre dans mes bras. Mes larmes se mêlent au sang encore chaud...
Je… Mais qu’ais-je fait ? Je ne veux pas que ça arrive !
Serrant la jeune femme dans mes bras, je caresse sa chevelure blonde, comme au jour où je la rassurais, lorsqu’elle avait peur…
De l’avenir. Des monstres sous le lit. Des démons… à l’intérieur de Demacia…
De moi-même. Je faisais parti, de ces monstres, capable de lui faire du mal. A cause de sa vraie nature.

Non… Pas aujourd’hui ! Plus… maintenant ?
Jamais.

Le silence est perturbé. Par un bruit, quelque chose qui se déplace vers moi. Je lève les yeux vers une ombre, qui s’approche. Mon coeur se serre dans un étau d’angoisse et un murmure vient me sussurer à l’oreille. J’ai dû mal à la comprendre. Soudain, j’ai très froid alors que ma tête bouillonne, comme si on me brûle de l’intérieur et je vis le nouvel acteur dans cette scène de désolation…
L’ombre devient un grand corbeau, aux multiples yeux rouge. Il me toise. Me juge.
L’oiseau croasse plusieurs fois, moqueur et il s’envole.
Ce qui arrive ensuite est indescriptible. Cataclysmique ! Tout se fait emporter. Les murs s’effondrent, le sol se dérobe et bientôt une marée arrive sur nous… Pour tout prendre...

Où… Où es-tu ?

Je n’ai plus personne dans mes bras. Je me retrouve dans le noir complet… C’est étouffant ! Je veux… sortir de là !
Que… Quelle est cette lumière vive, d’un seul coup ?! Je peux désormais voir… que je suis au milieu d’un campement. J’ai les mains liées et j’ai comme un goût amer dans la bouche. C’est ma lèvre, légèrement fendue. Je sens que je possède de multiple entailles sur le corps. Elles me font terriblement mal.
Je lève la tête pour voir des centaines de corbeaux aux yeux rouges me lorgner. L’un d’eux sautille pour s’approcher et se transforme, prenant une forme humanoïde. D’autres l’imitent et prennent des visages que je reconnais ! Ce sont ces mages… ?! Mais… Ils sont mort !
Le premier se dévoile et j’ouvre les yeux grands, horrifiés.
- Eh oui, mon petit prince… S’exclama Adrien. Même dans la mort, la magie peut me servir. Où nous nous étions arrêtés ? … Ah oui ! Une cité en flamme, des morts… Qui vais-je tuer cette fois ?

Devant mes hurlements de protestation, Adrien rit aux éclats, au milieu des croassements lugubres.


***


Qu’est-ce que … ?! C’est… Je… ?!
Au nom de la Protectrice… Ce… Ce n’était… qu’un cauchemar… ?

Je suis encore vivant. Demacia est debout, le palais aussi, ma chambre, mon lit… Rien ne brûle et tout le monde va bien. Tout le monde… ? Vraiment ?
Bon sang… J’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine.
Je me redresse doucement. Assis, le regard exorbité, je pose une main sur mon torse, tandis que l’autre recouvre mon visage. Au bout de plusieurs minutes, je me calme. Tout va bien… Ce n’était qu’un mauvais rêve. Tout va… bien ? Ah oui ?
Avec pareils songes, on peut en douter…
Je reste assis, encore un peu secoué, observant les lieux. C’est la fin de l’après-midi, le ciel commence s’assombrir. Les ombres s’installent dans la chambre, mais je vois encore au delà de son ouverture qui donne sur l’autre pièce.
Au bout d’une heure à me triturer l’esprit, je me lève, non sans grimacer de douleur d’une blessure encore fraîche.
Je tressaille sous le vent, qui s’engouffre par la fenêtre. Je m’approche pour regarder les derniers rayons de soleil. Ils me réchauffent à peine, mais suffisent à me … m'apaiser, quelque peu. Je suis encore fatigué, ma tête est si lourde… Les remèdes de Brevin sont peut-être réputés, mais ils vous marquent. Ils ont exacerbé mon imagination déjà bien débordante. Nom de… ! Je pousse un long soupire et je cligne des yeux.
Il vaut mieux que je m’éloigne de cette fenêtre avant de tomber accidentellement et de faire une chute sans retour possible.
Je grimace de nouveau alors que ma blessure sur mon flanc me lance… Tout ça pour avoir mal, au final… Brevin va m’entendre.

Je déambule dans ma chambre, cherchant quelque chose, lorsque l’on toque délicatement à ma porte. Ce sont des soigneuses qui s’annoncent et je les invite à entrer. Elles me font m’asseoir et s’occupent de changer les bandages. Je me laisse faire, ayant à peine l’énergie de grogner lorsqu’elles désinfectent et remettent de nouvelles bandes. Cette fois-ci, le ton employé par l’une d’elles est beaucoup plus insistant :
- Votre Altesse, je vous conseille de garder le lit pour aujourd’hui… Votre blessure a dû mal à cicatriser.

Je fronce les sourcils vers la soigneuse qui secoue la tête.
- J’ignore pourquoi, mais je vais prévenir maître Brevin. Il saura vous donner ce qu’il faut.

Ma mimique contrarié lui fait avoir un léger sourire. J’espère qu’il va trouver quelque chose de bien plus… Efficace ?
Les deux guérisseuses s’inclinent et quitte les lieux. Je rabats ma chemise doucement pour couvrir le bandage et je boîte vers mon lit. Il m’est arrivé de revenir blessé après une escarmouche ou lors des missions et je m’en remets toujours. Cette fois-ci, la situation échappe aux soigneurs et même au médecin de la famille royale… Est-ce que ce mage aurait fait quelque chose… ?
Je secoue la tête. C’est peu probable et… Il faut que je … me repose. Que je me sorte toutes ces pensées de la tête. Mais j’ai dû mal à ne pas réfléchir après tout ça… Tout ce qu’il se passe. Je me couche, n’arrivant toujours pas à la sortir de mon esprit.
Luxanna. Vas-tu répondre à mon invitation ?
Est-ce que tu vas bien, au moins ? …
Elle ne doit pas être dans un meilleur état d’esprit que moi. Après ce que nous avons fait, là-bas, après les problèmes internes au Royaume… Je jette un coup d’oeil vers la bague. Toujours présente… Je n’aurais pas dû les laisser faire, agir au mieux et faire les choses correctement… Je pousse un long soupire. Je comprends qu’elle n’accepte pas de venir… Qu’elle refuse de me parler.
A sa place… J’hésiterais.
Mais Luxanna est bien plus courageuse que son prince.




***


Le sommeil a fini par me gagner, sans que je m’en rende compte.
La nuit est calme. Rien ne vient perturber mon repos nécessaire, cette fois. La Lune est haute dans le ciel… On ne s’attend pas à recevoir de la visite à cette heure-ci. Il fait noir dans la chambre. Alors… Lorsqu’un bruit arrive à mes oreilles, un chuchotement puis quelque chose qui frôle mon bras, j’ai tendance à réagir vite. Certains événements qui se sont produits à Demacia font que l’on peut se penser en danger à tout moment, même dans une chambre royale… L’instinct me réveille et à peine j’ai ouvert les yeux que je me redresse pour envoyer une droite au potentiel assassin qui s’est faufilé jusqu’ici.



- … Luxanna ?!

Quoi ? Qu’est-ce que… Nom de … ?!
On voit à peine, avec pour seule lueur la lune, déjà très haute dans le ciel. Mais je crois bien que c’est elle ! J'entrouvre lentement la bouche, alors qu’elle agite frénétiquement ses bras dans ma direction en guise de défense, me confirmant son identité. C’est… Lux ? Mais… Oh…
Je grimace, en guise d’excuse. Heureusement qu’elle porte cette armure, sinon elle aurait eu droit à un séjour chez les soigneurs. Bon sang…
- Désolé… Je...

Ma main vient frapper mon front. Mais quel idiot !
Je me redresse et je cherche à tâton une chandelle, que j’allume avec une chènevotte.
Je m’approche d’elle pour l’aider à retirer son casque. Je peux découvrir son visage, ses yeux d’un bleu intense, son expression très… surprise, en faite. Elle est là, oui. C’est bien elle… En pleine forme, du moins, en bien meilleure forme que je ne l’aurais cru. Elle a répondu à mon message. Elle est venue alors que je … J’ai imaginé qu’elle ne vienne pas. Ce qui aurait été fort légitime…
Cependant...
- “Rejoins-moi dans les jardins royaux au zénith”.
Zénith… En pleine nuit ?


Je lève un sourcil et je passe ma main dans mes cheveux pour les rabattre en arrière.
- Je… J’aurais peut-être dû préciser une heure...

J’ai écrit ce mot très vite, sous l’influence des plantes de Brevin. Je dois bien l’avouer, je n’ai pas vraiment réfléchi au sens de mes phrases… Elle a dû se dire qu'il est préférable que nous discutions dans le secret le plus total, en pleine nuit et non sous les regards potentiels au sein du palais et des Jardins Royaux. Je fronce doucement les sourcils. Encore un peu crispé par ce réveil abrupte, je m’inquiète pour elle, après ce que je viens de faire… Je me détends et lui sourit, maladroitement.
- Tu vas bien … ?

Plus de peur que de mal, je l’espère. Je lui propose une main, pour l’aider à se relever… Puis je la regarde, droit dans les yeux. Et…
C’est en train de revenir. Cette… crainte. Le doute doit se lire dans mes yeux, dans ma façon de me comporter, dans les quelques pas que je fais pour m’éloigner d’elle… Dans le simple geste de détourner le regard. C’est la première fois que j’ai besoin de chercher mes mots avant de parler.
Mais… Aujourd’hui, je dois prendre le temps. Mettre de côté tout ce en quoi je crois, toutes les idées défendues jusque là pour pénétrer dans l’inconnu. Pour essayer de la comprendre, elle. Lux. Une proche. Une personne que j’estime beaucoup…
Mais qui a un secret… Tout le monde me l’avait caché, même mon Père, le Roi.
- Merci, d’être venue… Je pense que… Nous avons beaucoup de choses à nous dire. Je ne pouvais plus attendre.

J’ai repris un peu d’assurance. On reconnaît là la force d’un héritage, ce que je dois être, ce que je dois devenir. Pour Demacia.
Mais…
J’ai toujours cette crainte, mélangée à une espèce de douceur. Parce que c’est elle. C’est Luxanna. Qui est devenue bien plus qu’une amie sincère… Le temps a passé très vite et beaucoup de choses ont changé… Nous avec. Elle, surtout, qui est une femme resplendissante. Pourquoi est-ce que je m’en rends compte seulement maintenant ? …
J’aurais dû faire les choses correctement, lorsque j’en avais l’occasion… Mais les affaires royales, les obligations et l’empressement des aînés…
Je pousse un long soupire et je me redresse. Droit, arborant un franc sourire. Si l’on oublie ma fatigue évidente représentée par des cernes à faire pâlir un mort, je suis presque présentable…
- Enfin… Je veux dire que nous devrions mettre ces choses aux claires, qu’en penses tu ?
Il faut savoir ce que vous voulez, votre Altesse Royale le prince Jarvan…
- Je ne t’oblige à rien…
Félicitation.
Vous savez parler avec les femmes… C’est flagrant.

- Mais, je… Je suis prêt à t’écouter.
Et en plus vous donnez l’autorisation…

Je toussote un coup, visiblement gêné par mon propre comportement. J’use de pincette avec Luxanna… Lux… Pourquoi ?
Je crains de ce qui va sortir dans cette conversation. Je suis un guerrier, un bon stratège, j’ai combattu de nombreux ennemis. Le terrain de la magie est… un sujet sensible et complexe. Lux est… une mage. Et j’ai besoin de temps pour l’accepter. Mais pour y parvenir, j’ai besoin de comprendre, de redécouvrir la petite Luxanna. Que je n’ai, finalement, jamais pu vraiment connaître.
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MessageSujet: Re: Après l'orage   Après l'orage EmptyMer 8 Avr - 17:50

Clonk !

J’entends le son résonner dans ma cage thoracique en même temps que je suis projeté durement par terre, mon plastron ayant pris le plus gros du choc. Heureusement que je m’étais un peu reculée en prévoyant plus ou moins sa réaction surprise !

Je n’attends pas qu’il m’assène un deuxième coup, mon postérieur me fait déjà assez mal comme ça et je remercie l’armure d’avoir protégée mes côtes. Je lève mes mains en signe de paix et les agite frénétiquement.

"C’est moi Jarvan, c’est Lux, s’il te plait !"

Difficile de chuchoter fort, mais de chuchoter quand même. Fort heureusement Jarvan me reconnait suffisamment vite et à mon grand étonnement, vient même à mon secours pour retirer le casque.
Je suis plutôt surprise de le voir si serviable et …sobre, je craignais un peu de retrouver un Jarvan dans un état avancé d’ébriété, mais il semble bien et plutôt … content ? Surpris aussi, de me voir.

J’ébauche un sourire timide, consciente du coté ridicule de cette situation, causé uniquement par ma brillante idée de venir aussi tard pour que nous puissions parler à notre aise sans être dérangés ou épiés.
Il ne se fait pas prier pour me le faire remarquer d’ailleurs, mais curieusement rejette la faute sur lui concernant l’heure. Au moins même s’il est en colère contre moi, il reste toujours aussi chevaleresque.
Encore que, en colère, il ne semble pas l’être tant que ça pour le moment, lui aussi me sourit, gêné, j’imagine qu’il y a de quoi, je prend sa main offerte et me relève avec un léger bruit de casseroles.

"ça ira, l’armure a tout pris…"

Nous nous regardons un instant, et ce que je craignais plus que tout se passe, je vois le recul dans son regard, je pourrai presque entendre ses reproches.

Tu as mentis lux.
Comment as-tu pu me cacher ça si longtemps ?
Je pensais que je te connaissais
Pourquoi m’avoir caché ça ?
Tout ce temps sans rien me dire !
As-tu seulement pensée qu’à ta petite personne ?
Qui es-tu réellement ?
Sur quoi d’autres vais-je découvrir des surprises ?
Ne m’approche pas, monstre !


Le temps qu’il prends pour réfléchir à la suite me met dans tout mes états, je regarde ses moindres gestes avec l’impression que je vais éclater en sanglots, ou qu’il va se mettre à hurler soudainement. Je tremble littéralement dans mon armure et si je n’avais pas un contrôle absolu sur ma vessie je crois que j’aurai fait comme beaucoup de bleus à leur première bataille.

Finalement il parle, normalement, je pousse un soupir de soulagement audible, même si je ne suis pas certaine d’être plus rassurée à l’idée d’une colère froide, mon stress remonte encore d’un cran, peut-être que c’était une bonne idée de venir un minimum protégée finalement ?

"Je, j’avais du mal à patienter aussi."

Je le vois se redresser, et moi j’ai l’impression de rapetisser, et de redevenir une enfant ayant fait une grosse bêtise, même avec ses cernes et son torse légèrement vouté à cause de sa blessure, cet homme respire l’autorité et je sens mes jambes sortir en délégation pour demander une génuflexion immédiate à mon cerveau paralysé dans l’attente de la suite.

*Ce que j’en pense, qu’est-ce que j’en pense ? Évidement que nous devons parler, mais ce que j’en pense ? Je n’en sais rien je suis surtout complètement perdue.*

"Ui"

*On peut dire que c’est la réponse de l’année celle-là, une telle éloquence, vraiment Luxanna, tu vas remporter des prix avec une telle phrase.*


Ma bouche est plus sèche que le désert de Shurima, et mes mâchoires semblent fossilisées, j’ai pratiquement perdue l’usage de la parole et ne sais plus ni que dire, ni que penser. Je reste là, les bras ballants dans cette tenue ridicule au beau milieu de la nuit, mon casque pendouille lamentablement dans une main.

Jarvan toussote, je le regarde, intensément, je détourne le regard ensuite, cherchant n’importe quoi d’autre, mon casque ?

Je regarde ce dernier, les orbites vides de la visière, le métal qui luit doucement au clair de lune, je me sens comme ce casque, vide, inconsistante, tout juste bonne à être portée. Finalement je détourne les yeux du métal, ce néant est trop dur à supporter. Je continue de regarder partout ailleurs que dans les yeux de mon prince… et je tombe sur le contenu de sa table de nuit: un bol, des livres, la chandelle, et… Un écrin, un écrin ouvragé, petit, le genre d’écrin qui ne peut contenir qu’une…bague.

*Ho non…*

Je tente de changer de sujet, vite, vite, trouver autre chose à regarder, le truc à coté !
Le cavalier m’achève. Je me souviens lorsque nous l’avons fabriqué tout les trois, Garen et Jarvan avaient voulu me faire plaisir et me consoler. J’étais plus jeune qu’eux, il devaient s’entrainer et j’étais triste que mon frère ne soit pas disponible alors que je ne le voyais plus beaucoup.

D’un coup je lâche le casque, il tombe sur le tapis épais avec un bonk léger, les larmes me montent aux yeux et je passe littéralement devant le maître des lieux pour m’emparer de la petite figurine.

Quelque chose de brise complètement en moi, et au lieu d’explications sensées après une question somme toute légitime, tout ce qu’il reçoit c’est une Lux en larmes qui lance des sanglots plus déchirants les uns que les autres sans arriver à aligner plus de deux mots et incapable de le regarder dans les yeux.

"Je suis… tel’ment…déslé…je ne peux pas… en moi… toujours… le mal… peur… je voudrai ne pas être comme ça… peux pas. Jamais voulu mentir..."
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Après l'orage

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