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 Un requin dans un filet de soie [PV Elise]

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Pyke
Pyke
Henry's murderer
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MessageSujet: Un requin dans un filet de soie [PV Elise]   Un requin dans un filet de soie [PV Elise] EmptyMar 3 Mar - 18:45

Un hurlement de souffrance résonne entre les ruelles de Bilgewater. Ce n’est ni le premier, ni le dernier. Les quartiers avoisinants ont l’habitude d’entendre les altercations courantes des brigands et des marins, se terminant souvent en un combat à mort. Mais depuis la venue de l’Eventreur des Abysses, ainsi que l'apparition de son affiche sur le panneau des avis de recherche, plus personne n’ose s’aventurer près des quais-abattoirs et de ses alentours. La population, terrorisée par ce nouveau mal qui s'empare de l'île, est consciente du risque de rencontrer le meurtrier dans les endroits les plus malfamés. La nuit, les débarcadères sont exempts de toute vie, seuls les rats profitent de la situation et pullulent près des navires de pêche.

La lame teintée de rouge s’extirpe du corps de sa victime après que ce dernier ait fini de s’égosiller de douleur, les dents du harpon arrachant quelques morceaux de chair au passage. Le cadavre tombe au sol, aux pieds de son tueur.

Une quatrième âme pour la cité abyssale...

Une mare de sang commence à envahir le sol de bois et de pierre, arrivant peu à peu aux bottes du harponneur. Ce dernier regarde longuement le liquide pourpre s’imprégner dans la semelle de ses chaussures, puis décroche une lanière de cuir de sa ceinture, récupérant sa liste.
Ses yeux se portent à présent sur le papier, où une énumération de noms y sont inscrit. Il cherche le nom de celui qu’il vient d’assassiner. Un soupir grave sort de ses lèvres, dissimulé par son bandana, le tueur ne retrouve pas le patronyme que lui a donné l’homme maintenant mort. Pourtant, il avait vérifié sur son document, il se souvient de lui, sur le navire La Terreur, il était là, il s’en souvient. L’impatience le gagne, ses mains se crispent. Peu importe. Se forçant à ne pas froisser sa liste, Pyke la range dans sa ceinture. Il pousse du pied la dépouille encore fraîche vers le rebord d'un ponton non loin, jusqu'à le rendre à la mer. Des requins se pressent pour dévorer le défunt, non sans une certaine frénésie. D'un air amusé, le chasseur se délecte de la scène un instant, puis son regard se tourne vers le ciel, observant la position de la lune.

La nuit commence peu à peu à s’éclaircir, la brume matinale se propage discrètement autours des bâtiments et des chalutiers. L’éventreur n’est pas satisfait de la chasse de ce soir, ses victimes se font de plus en plus rare, elles n’osent plus sortir de leur terrier. Les navires préfèrent accoster plus loin ou sur d’autres quais plus sécurisés, craignant pour leur vie, et ils ont surement raison. Cette situation l’agace profondément et le force à s’éloigner de son terrain de chasse, mais il tient à continuer ses traques.


Un requin dans un filet de soie [PV Elise] Pyke_i10


La lueur timide du soleil commence à transpercer la brume environnante, la lumière des lanternes fixées aux murs s’affaiblit. Pyke se déplace nonchalamment dans les quelques zones d'ombres restantes, examinant les lieux et les personnes qui se rassemblent peu à peu. La clarté du ciel ne joue pas en sa faveur, la fatigue de la longue nuit de traque commence à se faire ressentir, mais sa soif de sang est encore trop présente. Son désir de tuer prend facilement le dessus sur son état physique, souhaitant rayer encore quelques noms de sa liste.

L’éventreur parcourt avec habileté les ruelles des bas-quartiers qu’il ne connaît que trop bien, évitant brigands et contrebandiers, qui ne sont pas ses cibles prioritaires et ne feraient qu’un piètre butin. Il recherche des navires, et des Capitaines, de préférence, cela fait bien longtemps qu’il n’en a pas assassiné. Ces derniers se terrent tous depuis les récents massacres du harponneur. Tous les lâches.

Scrutant de ses yeux bleus les environs, il s’approche du quai principal de l’île, dans la baie de Bilgewater. Le brouillard y est permanent et la structure irrégulière des falaises ruisselantes d’eau salée donne un aspect peu accueillant au lieu. Pourtant, c’est l’endroit le moins dangereux de l’île, bien qu’il n’en existe pas vraiment. Des chemins mènent directement aux quartiers les plus luxueux, en hauteur, la baie ayant pour habitude de côtoyer de riches trafiquants ou certaines personnes haut placées, souvent venu faire affaire. Plus on grimpe haut, moins on a de chances de se noyer, c’est pourquoi les propriétaires les plus aisés prennent refuge dans les sommets de Bilgewater.

Pyke ne s’est jamais aventuré dans les bâtiments des classes les plus riches, souvent gardés par des mercenaires. Il est bien plus à l’aise près de la mer, où il peut se divertir en noyant ses victimes, rendre les corps de ses proies à l’océan, comme une offrande. Mais la tournure des évènements ne jouant pas en sa faveur le force à se renseigner plus en détail sur les environs. Après tout, il n’apprécie guère la présence de ces bourgeois qui se cachent derrière leurs bureaux. Ces derniers feraient de délicieux appâts à requin, une fois solidement harponné.

Certains d’entre eux sont surement reliés au marché des quais-abattoirs, payant une misère les ouvriers qui dépècent les carcasses des monstres marins et revendant une fortune les morceaux les plus rentables. Une injustice qu’a connue l’assassin, étant lui-même un ancien travailleur de la baie des graveurs. Il voyait les sacoches remplies d’or passer de main en main alors qu’il s’évertuait jour et nuit à disséquer les dépouilles, pour une paie dérisoire.

Ses souvenirs remontent avec eux un sentiment amer, la colère commence à envahir son corps, tandis que son regard se porte sur les quelques navires accostant. Les chalutiers sont nombreux, dus à ceux qui ont déserté les quais-abattoirs et seuls les Capitaines les plus fortunés profitent d’un emplacement dédié, contre quelques kraken d’or.

Bien qu’il reconnaisse sans difficulté la plupart des bateaux, l’un d’entre eux l’interpelle. Ce n’est ni un navire de chasse, ni un navire guerre. Le dessin qu’arbore le drapeau lui est inconnu, piquant sa curiosité. Le voilier accoste sur un quai à part, à l’écart du raffut des autres pontons bien moins chaleureux.

L’éventreur, caché dans les brèches d’une falaise isolée, observe le débarquement du mystérieux navire. Les vagues de la mer s’abattent contre la pierre au rythme de son cœur, la bruine submerge ses poumons, le sel se cristallise sous ses doigts.
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Elise Kythera-Zaavan
Elise Kythera-Zaavan
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MessageSujet: Re: Un requin dans un filet de soie [PV Elise]   Un requin dans un filet de soie [PV Elise] EmptyJeu 12 Mar - 11:56

Je me suis laissée emporter je crois:

Le vent charriait une odeur d’océan, un soupçon d’iode, des relents métalliques de sang frais versé sur des planches usées, et par-dessus le musc puissant d’une ville de marins : sueur, rhum et bière rance, excréments évacués dans les fonds marins, la marée réelle emportant chaque jour avec elle les débris de la marée humaine. Élise remercia silencieusement les bourraques, léger reliquat de la tempête de la veille, elles avaient certes molesté les passagers du bateau, mais leur accorderaient un air un peu plus frais une fois à terre. Un avantage non négligeable quand, parmi la cargaison de promis, certains commençaient à faire par de leur indisposition à voyager dans des conditions plus spartiates que celles qu’ils expérimentaient habituellement.

La Dame remonta frileusement le col de sa longue cape de soie bordée de fourrure, ses yeux aux pupilles rubis continuant à scruter les vagues et les prémices d’apparition de la ville, grouillante, puante et terriblement vivante, connu sous le nom de Bigglewater. Un pâle sourire lui valut de creuser quelques plis dans sa joue velouté au teint d’albâtre parfait. Elle respira à nouveau les effluves marines, et cette fois l’air lui accorda une odeur de mer normale, sa versatilité lui ayant fait changer de sens le temps d’une rafale.

Un marin s’affairait derrière elle, à distance raisonnable. Elle pouvait sentir même sans les voir, les regards mi-intrigués mi-admiratifs, qu’il posait sur elle. Une dame de son rang, et si mystérieuse, qui leur faisait l’honneur de voguer sur ce bateau ? Sans parler des autres hôtes si éclectiques ! Cela avait de quoi surprendre, ravir, et même éveiller une certaine méfiance. Heureusement la méfiance était partie rapidement. Il avait suffi que La Dame en personne parle quelque peu à l’équipage, et que les quelques marins prosélytes qu’elle avait amené avec elle n’acquiescent allègrement, pour que la suspicion fasse place à la curiosité et même à une certaine avidité vis-à-vis de leur destination finale.

Qui n’aurait pas envie de se rendre dans les îles bénies ? Le nom était si prometteur… Même si la prêtresse avait été très claire, les atteindre n’était pas une mince affaire, et le trépas de quelques membres n’était pas à exclure. Mais après tout, qui s’en souciait réellement ? Chacun savait ici que l’on n’obtenait rien sans rien, et si les faibles faisaient office de sacrifices tandis que les forts se hissaient vers leurs nouveaux avantages, ce n’était après tout que l’ordre naturel des choses. Élise s’accorda un second sourire… la surprise allait être savoureuse.

Le marin se rapprochait de plus en plus, optant pour une reptation comique en crabe. Il voulait sans doute atteindre les cordages chevillés au bastingage à coté d’Élise, mais n’osait pas s’approcher ou même l’aborder pour qu’elle se décale et lui facilite son travail. Elle attendit soigneusement le moment de rupture ou le pauvre homme, poussant un soupir à mi-chemin entre le gémissement, le grognement et un juron, s’apprêtait à se lancer dans une diatribe incertaine, et se retourna, plantant ses iris de feu dans le regard gris délavé du mousse soudain pétrifié.

Il ressemblait à une proie statufiée par sa peur, attendant presque que le prédateur vienne l’emporter. Il y avait cette sorte de résignation terrifiée dans son regard qui communiqua directement avec ce qui se cachait sous les scapulae de la prêtresse et qui lui envoyèrent de délicieuses et tentantes décharges d’anticipation dans le corps. Elle avala sa salive, lentement, l’étudiant rapidement. Il semblait jeune, bien que la mer ait déjà prélevé son lot de marques sur son visage moucheté de taches rousses.
Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale du pauvre petit, Élise sentit ses gencives l’élancer, la tentation était si forte… il semblait si… innocent ! Elle se força à respirer longuement par le nez, fermant les paupières pour s’ôter de la vue la bouille ébahie et le corps fin et musclé à la peau tannée de soleil et de sel.


Ses yeux s’ouvrirent à nouveau, son visage était toujours de pierre lisse mais une certaine tendresse s’était insérée dans son regard, passant de braise à lanterne. Sans un mot, elle se décala, lui donnant libre accès à son travail, quel qu’il fut. Un papillonnement de cils, le frôlement d’une cape sur un pied marin nu tandis qu’elle s’approchait, le jeune homme restait pétrifié de fascination.

« Pourriez-vous avoir l’obligeance me donner une estimation du moment de notre arrivée dans la cité portuaire de Bigglewater ? »

Le rouquin sembla mettre un temps infini à comprendre la phrase, handicapé par sa contemplation du visage devant lui, par la sonorité velouté et voluptueuse de la voix, et plus trivialement par l’accent patricien et le vocabulaire un peu soutenu pour lui. Néanmoins, temps, arrivée et port-uaire- étaient assez clairs. Avec un bref tremblement de lèvres et une mimique qui ressemblait à une sorte de garde-à-vous tel qu’il avait vu des soldats noxien le pratiquer, il finit par répondre.

« Vou s’rez à quai pour la graill… le r’pas du midi, Ma Dame. »

Il était fier, malgré un début idiot… la graille ! Elle ne devait même pas savoir ce que ce mot d’argot signifiait ! Il avait réussi à ne pas bégayer et avait mis tout son cœur pour prononcer son titre avec son plus bel accent pointu de foutu cul riche. Son cœur fit un bon dans sa poitrine lorsqu’il fut gratifié pour sa peine par un sourire et un hochement de tête plus gracieux que tout ce qu’il avait vu jusqu’ici dans sa misérable existence. Il eut envie de la remercier pour ce remerciement, mais mit tellement de temps s’imaginer ce qu’il pouvait dire qu’elle était déjà partie, sans doute pour communiquer l’information aux autres passagers, foutus veinards.

Avec un soupir de regret, il termina son travail, et tandis qu’il changeait de quart avec les membres de l’équipe de jour qui commençaient déjà à brailler leur sabir maritime, n’eut en tête que de se rouler dans son hamac pour rejouer la scène dans sa tête mille fois avant de sombrer dans le sommeil.


~~~~~~ \\o//~~~~~~

Le vent charriait de plus en plus d’odeurs humaines, et à présent elle n’était plus la seule à froncer parfois le nez face aux excès de zèle odoriférants de leur destination. Son humeur était cependant au beau fixe, Bigglewater était la dernière étape de leur voyage, elle allait régaler ses ouailles des délices interdits que la cité mettait à disposition de tout possesseurs de Kraken, leur offrant la plus belle et somptueuse des dernières journées et nuits à terre, et enfin… Enfin ! Voguer vers la destination de ce voyage initiatique.

Une nouvelle démangeaison entre ses omoplates lui arracha un sourire, que son interlocuteur, dont elle se souciait peu du nom présentement – Marcus peut-être ?- prit pour lui et pour un encouragement à continuer de se confier. Elle hocha la tête, lui susurra quelques paroles rassurantes, fit de même avec les autres, puis se retira dans sa cabine, savourant la solitude relative qu’elle lui offrait.

Il lui tardait d’arriver aux îles et de laisser se déployer pleinement son potentiel… Rien à voir avec la minuscule tâche brune apparue sur sa main quelques jours avant le départ… Non, rien à voir avec les rides qu’elle scrutait dans le miroir chaque jour face au soleil.

Bientôt, elle serait à nouveau là-bas, libre, et satisfaite, retournant à la perfection après sa communion sauvage.

Bientôt… ce bateau portait, tel une mère en pleine gestation, la promesse d’une vie renouvelée.

Mais pour le moment… Elle allait attendre l’arrivée au port, remettre cette cape, et honorer de sa présence la ville aux milles falaises.
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Pyke
Pyke
Henry's murderer
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MessageSujet: Re: Un requin dans un filet de soie [PV Elise]   Un requin dans un filet de soie [PV Elise] EmptySam 21 Mar - 18:56

Ce fut un peu long:


Plusieurs minutes s'écoulent, laissant le temps à l'éventreur, perché dans les hauteurs, d'identifier le navire qui accoste soigneusement à quai. Le bois de la coque est sombre, le mât haut et fier, les voiles teintées de noir. Un navire provenant de Noxus, surement. Le manque d'armement de l'équipage ainsi que sur le bateau indique qu'il s'agit probablement d'un navire de croisière, un pèlerinage ou un commerçant venu marchander.
On peut discerner une femme, habillée d'une longue cape de soie enveloppée de fourrure, qui se complaît à donner des ordres aux marins, jouant à imiter le Capitaine. Les ouvriers semblent apprécier sa compagnie, ils l'écoutent et s'adonnent à leurs tâches, comme si elle commandait la troupe, chaque matelot a droit à quelques mots. La prestance de la Dame est indéniable.

Un rayon de soleil vient l'éblouir un instant, plissant ses yeux. La journée a déjà commencé, pourtant, les voix dans sa tête sont toujours présentent, sommant l'assassin de verser encore plus de sang dans la mer. Habituellement, ces ordres se dissipent à la venue du soleil, s'affaiblissants petit à petit. Cette nuit de chasse n'a pas été suffisante pour les faire taire. Elles résonnent dans son crâne, comme des tambours dans un milieu clos. Elles grondent. Elles hurlent tel le puissant cri d'un léviathan agonisant.

Encore..

Son regard se porte sur les bâtiments en hauteur et les ruelles environnantes, délaissant le navire Noxien. Quelques victimes de plus sont nécessaires avant de s'intéresser davantage au mystérieux navire et la Dame qui y séjourne. Le meilleur pour la fin. Pyke savourera ce moment, il s'en impatiente déjà.
Ses mains s'agrippent à la falaise et ses jambes le poussent contre la paroi de pierre, descendant avec habileté jusqu'à la terre ferme, veillant à rester le plus discret possible malgré la lumière naissante du ciel qui le surplombe. Sa peau et son corps se dissolvent en un brouillard d'eau et de sel, et en une fraction de seconde, l'harponneur n'est plus. Dans l'entre-deux, il traverse rapidement le quai, longeant les murs où la lumière ne parvient pas à se répandre, puis se dirige en direction d'un chemin menant vers les hauteurs de Bilgewater. Le nuage de bruine s'évapore à la volonté de l'homme, reprenant forme à l'abri des regards.

Scrutant les environs, ses yeux perçants examinent les alentours, qu'il ne connaît que très peu. Plus il s'aventure vers le sommet de l'île, plus l'ambiance change. Une atmosphère chaleureuse, sublimée par les somptueux bâtiments à l'architecture différente, unique. Aucune de ces bâtisses ne présentent le signe de l'érosion, le bois est clair et propre, des gravures y sont délicatement ancrées. Les passants sont calmes, bien habillés, ils parlent entre eux avec une certaine courtoisie, riant avec joie. Les ruelles sont immaculées, aucune trace de sang ou d'autres fluides corporels. Rien à voir avec les bas-fonds de Bilgewater.

Le chasseur cherche une proie à se mettre sous la dent, un encas pour la matinée, une personne assez intéressante pour étancher sa soif de sang. Son esprit le guide, le fumet de la bourgeoisie l'attire. Il longe les artères étroites de la cité, continuant de s'élever au-dessus du niveau de la mer.
Profitant d'un ponton surélevé, isolé des habitants de l'île, l'éventreur examine les lieux. Les habitations sont d'anciens navires, reconstruit et aménagé pour permettre aux citoyens d'y loger de façon permanente. Un peu plus haut, une résidence attire son regard. L'édifice n'a rien de particulier, bien qu'arborant fièrement quelques signes de richesse, mais une fenêtre grande ouverte lui permet de voir un homme à l'intérieur.

Ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent, ses muscles se tendent. Un lointain souvenir, encore flou, commence à enflammer son esprit. Cet homme, il le reconnaît. C'était il y a longtemps, mais l'ancien ouvrier des quais-abattoirs se souvient de lui. Un commerçant fortuné, se servant des travailleurs des bas-fonds pour s'enrichir. Tout lui revenait de droit. Il se moquait bien de la misère qu'il faisait vivre aux autres. Un égoïste. Un menteur.

Il était là. Comme tous les autres. Les poches remplies de pièces d'or. Un manipulateur. Un menteur. Comme tous les autres.

L'adrénaline se répand brutalement dans ses veines, le visage de sa futur victime s'ancre dans sa tête. Ne prêtant plus attention à ce qui se passe autour de lui, il se dirige vers le bâtiment, qu'il ne peut plus quitter du regard. Enjambant les ruelles pavées à toute allure, il traverse la foule de passants qui s'accumulent progressivement, bousculant d'un coup d'épaule ceux qui gênent son passage.

Ses jambes, guidées par son esprit, le poussent à rejoindre cet homme, au plus vite. Ce ne sont pas les battements de son cœur qui résonnent dans sa cage thoracique, mais bien les voix qui se font plus fortes, plus graves, plus constantes. Des pulsations incessantes entraînant avec elles un flux d'émotion. De la haine, de la rage, de la colère.


Un requin dans un filet de soie [PV Elise] Pyke_i10


Pyke se retrouve en dessous du bâtiment qu'il convoite. La bâtisse est construite sur un rebord de falaise, surplombant le chasseur. Son souffle est fort, irrégulier, l'excitation de la traque et son effort physique ne l'aide pas à reprendre sa respiration convenablement. Un filet de sueur froide ruisselle sur son front, perlant jusqu'à ses épaules, dévalant le long des tatouages de ses biceps.
Marquant une pause, il en profite pour examiner quelques instants l'édifice, cherchant du regard la vitre grande ouverte qu'il avait aperçu plus tôt. Après quelques secondes, ses yeux repèrent finalement l'accès. Son corps s'élance sur la roche légèrement humide, ses mains s'accrochent à la pierre, grimpant avec ferveur vers son but. Il s'aide de son harpon, enfonçant les dents de la lame là où il n'a pas d'appui solide, notamment sur le bois lisse de la maison. La discrétion n'est plus, et il peut déjà entendre l'agitation occuper l'intérieur des murs qu'il dégrade.

Quelques mètres d'effort, quelques secondes d'endurance, puis, le rebord de la fenêtre. L'assassin s'introduit au sein de la résidence, traversant l'entrée d'un bond, ses jambes retombant lourdement sur le sol plus bas que prévu. Son arrivée était attendue, il s'en doutait. Deux marins à l'allure intimidante, armés de sabres, bloquent le passage vers sa proie. L'un entre eux s'exclame.

- Toi, casse-toi, ou tu vas crever.

L'éventreur n'a pas de temps à perdre, le rat doit surement se terrer sous son bureau, il ne faut pas qu'il décide de s'enfuir.
Son arme déjà bien ancrée dans sa main, le fantôme se lance vers son premier adversaire. La lame vient lacérer profondément le bras de son opposant, qui n'a pas eu le réflexe d'esquiver le coup. Un premier cri, mêlant surprise et douleur, arrive jusqu'aux oreilles de l'assaillant. Le deuxième marin s'empresse de porter son sabre en direction du meurtrier, habilement esquivé par ce dernier.

Pitoyable.

En un instant, le harpon se loge dans l'estomac du matelot encore indemne, l'achevant sans aucune cérémonie. L'autre, blessé au bras, fait une tentative d'attaque et porte son épée avec force en direction de l'épaule du meurtrier. Pyke se tourne assez rapidement pour que le cimeterre ricoche contre la mâchoire d'os entourant ses épaules, la lame déviant de sa trajectoire glisse sur l'ossement et parvient à entailler une partie du haut de son bras. Un grondement étouffé par le bandana traverse ses lèvres, exclamant son mécontentement dû à la soudaine blessure. Un pas sur le côté, puis l'arme du harponneur s'enfonce dans le flanc de son adversaire. La souffrance de la plaie inattendue le fait se cambrer vers l'avant. Un brutal coup de poing dans la mâchoire vient le mettre à terre, sonné par le choc. L'homme à la peau ébène ne perd pas plus de temps et vient trancher la gorge de celui qu'il vient d'assommer.

Deux misérables âmes pour les profondeurs.

Ses yeux peuvent enfin prendre un instant pour analyser l'endroit. Une porte fermée l'attire, celle que les deux truands avaient l'air de protéger. Le pas lourd, il s'avance vers l'accès, empoignant la hanse métallique de la porte. Un mouvement de poignet indique que c'est fermé à clé. Il s'en doutait. Cependant, la serrure ne résistera pas longtemps à la lame aiguisée de son arme. La pointe vient se loger brutalement dans la fente, son détenteur force l'ouverture, non sans une certaine impatience. Quelques coups d'épaules abrupte dans le bois, sa main jouant sur la poignée, son harpon saccageant l'intérieur de la serrure, puis la porte finit par céder.

L'entrée de Pyke se fait fracassante, la porte se claque lourdement contre le mur, laissant l'homme pénétrer dans la pièce. La salle est étroite, de grandes étagères remplies de livres et d'objets en tout genre les entours, un long tapis azuré Shurimien s'exhibe sur le sol, un bureau en bois ambré minutieusement sculpté trône fièrement au milieu de la chambre. Derrière la table, la futur victime se dévoile enfin à ses yeux. Le chasseur se tient debout, à quelques mètres de sa cible, plantant son regard dans celui qu'il convoite.

Sa proie est là, en chair et en os, vivante, haletante, tremblante, tétanisée. Exactement comme il l'avait imaginé. L'individu en face de lui transpire la bourgeoisie au premier coup d'œil. Ses vêtements amples sont ornés de dorures, des bijoux de pierre précieuses aux couleurs changeantes s'enroulent sur ses poignées et ses doigts boudinés, son crâne dégarni accentue son âge avancé. L'éventreur commence à s'approcher de lui, pas à pas. L'autre, paralysé par la peur, tente de s'exprimer.

- P-Pitié ! Je n'ai rien fait ! Ne me tuez pas !

La panique, puis la peur commence à embaumer la pièce. Pyke arrive au niveau du bureau, seul le meuble en bois les sépare. Il peut ressentir les vibrations des tremblements de l'homme via le plancher. Son harpon se plante brutalement sur le bureau, faisant sursauter son vis-à-vis. Le chasseur se penche au-dessus de la table, rapprochant son visage pour mieux l'observer, sa main tenant fermement le manche de son arme.

- Ton nom.

La voix rauque résonne entre les murs.

- A-Alhtar ! Alhtar Rackregan ! Je vous en supplie !

Ce nom.. Oui, c'est bien lui. Il s'en souvient. Il l'a déjà entendu, sur les quais-abattoirs. Il en est sûr. Il s'en souvient.

- Alhtar Rackregan. Marchand des quais-abattoirs. Je te reconnais.

Son désir de vengeance revient de plus bel au fur et à mesure que ses souvenirs inondent son esprit. La rage s'empare de lui soudainement, il décroche son harpon du bois, ses jambes le propulsent sur le bureau, se tenant accroupi. Alhtar recule, cédant à la panique, il tente de s'enfuir, mais trébuche contre le luxueux siège en cuir se trouvant derrière lui. Il tombe au sol, maladroitement. Ses mains cherchent un appui pour se relever, jusqu'à ce que l'éventreur bondisse sur lui, tel un félin chassant un rat. Les dents de la lame s'enfoncent sauvagement dans le dos de sa proie, déformant la chair et les organes internes. Un hurlement de souffrance retentit, suivie de déglutitions et d'étouffements. Le harpon se retire, entraînant avec lui des lambeaux de tissus se mêlant à la peau, puis il s'enfonce de nouveau. Le mouvement est répété plusieurs fois, avec hargne, massacrant le corps de l'homme déjà mort. La lame broie les muscles, les dents charcutent la colonne vertébrale, le sang jaillit de toute part.

Pyke enlève une dernière fois son arme du cadavre, son souffle est court, haletant, épuisé. Les voix dans sa tête ont cessées de gronder, elles sont redevenues muettes. L'éventreur se redresse péniblement, l'adrénaline retombe lentement, sa haine se dissipe. Son regard se porte longuement sur le corps sans vie, qu'il ne reconnaît plus. Ses yeux se décrochent de la carcasse ensanglantée pour se poser sur le fauteuil, qu'il rejoint de quelques pas. Il s'affale sur le dossier, ses muscles se détendent, un long soupir se fait entendre, ses paupières se ferment.


Un requin dans un filet de soie [PV Elise] Pyke_i10


Les rayons du soleil baignent l'île d'un voile orangé, presque pourpre, laissant peu à peu place à un ciel bleu foncé. La bâtisse dans laquelle se trouve le meurtrier est relativement calme, mais l'absence du son des vagues dont il a l'habitude le perturbe. Ses yeux s'ouvrent, réalisant qu'il s'est endormi dans la demeure. Ses bras s'appuient sur les accoudoirs pour se relever, lâchant un soupir. Sa tête se penche d'un côté, faisant craquer ses os. Il se dirige vers la fenêtre qui lui a permis d'entrer, observant le paysage qui s'offre à lui à travers l'ouverture. De cette hauteur, son regard se plonge sur la mer, puis sur le quai. D'ici, il distingue le navire Noxien aperçu dans la mâtiné. Pyke ne l'avait pas oublié. Il n'a pas non plus oublié l'intrigante Dame à son bord.

Ses mains s'agrippent au rebord de la fenêtre, et d'un bond, passe à travers. L’Éventreur des Abysses se prépare à une nouvelle traque.
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Elise Kythera-Zaavan
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MessageSujet: Re: Un requin dans un filet de soie [PV Elise]   Un requin dans un filet de soie [PV Elise] EmptyLun 20 Avr - 14:03

La journée avait été bien remplie, tout comme les panses et les gosiers, de fruits exotiques, de poissons, de viande de léviathan, de Rhum, de bière et de toute ce qui pouvait se consommer à foison dans les îles. L’heure était à la fête, à la débauche même, les bordels de la cité avaient reçu la visite de noxiens tout excités et aux poches d’autant plus pleines d’or qu’Elise veillait à fournir à chacun de quoi s’amuser.

Rien ne semblait entamer la générosité de la prêtresse qui laissaient ses pèlerins profiter pleinement de leur liberté retrouvée après des semaines en mer. Ils seraient d’autant plus dociles pour embarquer le lendemain si leur viande saoule devait se remettre d’autant de folies, sous une relative surveillance cependant. Prudente, elle avait embauchée quelques gros bras locaux pour veiller sur ses protégés, et les ramener à bon port une fois la nuit terminée.

Un petit groupe plus discret et plus dévot semblait cependant vouloir ascétiquement passer leur temps. Elise les accompagna, respectant leur souhait qui était plus en accord avec ses propres aspirations, une visite fut néanmoins prévu pour profiter du temps à terre. Elle leur montra même les curiosités d’un temple de Nagakabouros, leur faisait habillement remarquer que l’un des aspects de la grande barbue était octopode, un chiffre significatif au sein de son petit groupe d’admirateurs.

Apaisant les cœurs, priant avec ceux qui voulaient raison gardée, elle sonna enfin un grand rassemblement au matin, s’assurant que chacun de ses sacrifices gorgées de vie revenait comblé au bateau. L’un d’eux manquait à l’appel, son corps avait été confié à d’autres déités, loup s’était certainement régalé de cette âme veule, voici qui n’enchantait guère La Dame, mais enfin… On ne faisait pas de sacrifice sans sacrifice.

Le bateau pour sa part avait fait le plein de nourriture, d’eau douce, réparé ses quelques avaries minimes et était prêt pour la grande aventure. Une chaloupe supplémentaire était également ficelée sur le pont, Elise expliquant qu’elle souhaitait un débarquement groupé pour mieux faire face aux dangers des côtes vers lesquelles ils se dirigeaient. Si quelques marins haussèrent le sourcil face à cette assertion, ils furent rapidement rassurés par la voix douce de la prêtresse et celle plus ferme du capitaine à l’oreille duquel elle susurrait également.

Le départ fut sans encombres, ainsi que la première journée en mer. Les têtes étaient douloureuses, et bon nombres se retrouvèrent à nourrir les poissons du contenus d’estomac empoisonnés d’éthyl. Son fois intact, on vit la dame distribuer des boissons chaudes à base d’agrume pour les fois vacillantes misent à l’épreuve de la faiblesse de la chair…mais bientôt tout ceci cesserait, elle le promettait.

A la nuit, chacun se retira dans sa cabine, et le sommeil tomba lourdement sur les passagers éprouvés tandis que la prêtresse saluait le petit groupe des sobres pour se retirer dans sa propre cabine, attenante à celle du capitaine, et seule à se trouver sur le pont.
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Pyke
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MessageSujet: Re: Un requin dans un filet de soie [PV Elise]   Un requin dans un filet de soie [PV Elise] EmptySam 25 Avr - 19:39

Le soleil se couche, laissant la voute céleste se teinter d'un bleu sombre, les premières étoiles font leur apparition. Les lanternes de l'île s'allument peu à peu, les tavernes ouvrent leurs portes, les travailleuses de la nuit commencent à pointer le bout de leur nez. L'éventreur se plait dans la nuit, ses chasses sont plus intéressantes, il peut facilement prendre par surprise ses cibles, choisir comment les massacrer, prendre le temps de tuer et de se délecter de leur peur.. Il prend les devants, dévalant les ruelles et les pontons de bois dans l'obscurité naissante de la nuit. Son chemin est d'ores et déjà tracé dans sa tête, le menant au quai du navire Noxien aperçu dans la matinée. Son équipage, le Capitaine ainsi que la Dame pique sa curiosité. Il veut les voir, de ses propres yeux, face à face.

Tandis qu'il se presse à rejoindre sa destination, il prend le temps de scruter les personnes sur son passage. Des ouvriers, des marchands, des civils.. Des âmes sans intérêt. Il recherche les matelots du voilier Noxien, et à cette heure-ci, ils doivent certainement s'attrouper autour des bars à engloutir leur poids en bière. Son visage se détourne du bateau, qui doit être vide. S'il veut trouver de quoi étancher sa soif de sang, il lui faudra se tourner vers les tavernes. Soit. Il penche la tête vers les bâtiments de beuverie les plus proches du quai où a accosté l'embarcation qu'il convoite.

Pyke arpente le pont, son regard sombre observant l'intérieur des brasseries, au loin. L'ambiance et le vacarme des lieux lui permettent de rester discret sans trop d'efforts et les moussaillons commencent déjà à être ivres, pour les plus faibles d'entre eux. Sa marche s'arrête à quelques mètres d'un bâtiment qui l'interpelle. Les portes sont grandes ouvertes, offrant une bonne visibilité au chasseur quant aux personnes à l'intérieur. Il épie ses prochaines cibles. Deux jeunes âmes discutant autour d'une table et de deux chopes de bière attirent son attention, l'un des deux portes des vêtements typiquement Noxiens, l'autre en revanche a l'air d'un simple marin, les cheveux tirés en arrière en un chignon. Pyke est sur la bonne voie, il peut repérer d'autres personnes à la tenue noir de l'Empire qu'il recherche. Les rats se sont tous terrés dans le même trou. Ha.

Les rires d'un homme non loin de lui font détourner son regard. Un marin seul, isolé, complètement éméché de surcroît, titubant sur le pont. Une proie aussi facile ne peut pas se refuser. L'éventreur s'approche du matelot, qui n'a pas l'air de se soucier des environs, pas à pas, ne se donnant même pas la peine d'arriver dans son dos. Sa future victime s'aperçoit un peu trop tard de la présence du meurtrier, une main puissante vient s'emparer de sa gorge, puis le traine à l'écart, entre deux bâtiments. Il le jette sur le sol de pierre, encore humide de la légère bruine du soir. L'homme tousse, visiblement très surpris de ce qui lui arrive, mais il ne comprend pas encore l'enjeu de la situation..

-Bordel !.. C'est quoi c'te blague ?

Il tente de reprendre sa respiration, entre deux hoquets, encore sous le choc. Pyke s'avance vers lui d'un pas, le surplombant entièrement, sa main vient dégainer son arme de sa large ceinture de cuir.

-T'es qui, toi ? J'vais te défoncer la tronche !

L'homme alcoolisé se redresse, du mieux qu'il peut au vu de son état, mais se prend un violent coup de pied dans l'estomac, le ramenant à terre. Il beugle son mécontentement.

-Donne-moi ton nom.

Pyke tourne autour de sa proie, lentement, tel un requin prêt à dévorer un morceau de viande jeté à la mer. Le marin est confus, entre la douleur et la peur qui commence à s'installer, il manque de dégobiller à côté des bottes de son agresseur.

-Que.. Quoi ? T'es qui ? Qu'est-ce que tu me veux ?!

Son pied vient brusquement écraser la main au sol, ôtant un cri de stupéfaction et de souffrance. L'harponneur s'accroupi, posant tout son poids sur la paume qu'il meurtri, il pointe sa lame vers la gorge de sa victime.

-Ton nom.

Les yeux du matelot s'écarquillent, commençant à peine à réaliser ce qu'il se passe. Il reste immobile, paralysé par la peur de crever ici. Il bafouille quelques mots.

-Erik ! Erik Drakes ! Laissez-moi partir !

Erik Drakes..

Un doute le prend. Ses yeux bleus le fixent, sa main libre vient détacher une lanière de cuir de sa ceinture, puis déroule sa précieuse liste. Il détourne le regard pour vérifier la liste de noms, tandis que les voix des abysses commencent à résonner dans son crâne. Erick Draque. L'orthographe n'est pas la bonne. Peu importe, c'est forcément lui, ça ne peut pas être un hasard. Pyke le ressent au fond de lui. L'odeur du marin, bien que mêlée au parfum de l'alcool ne lui laisse plus aucun doute. Les voix des profondeurs confirment ses pensées, bien qu'elles soient son unique pensée. Il se redresse, mais reste penché au-dessus de l'homme.

-Ton navire. Celui à la voile noire.

Erik peut ressentir les os de ses doigts craquer sous la botte, chaque mouvement le fait gronder sous la douleur.

-L-Le navire, oui ! Il vient de Noxus ! On repart demain ! Laissez-moi partir putain !

La voix est tremblante, l'homme commence à sangloter, ses émotions s'accentuent à cause de l'alcool.

-Bien..

L'harponneur retourne son arme dans sa main, d'un coup de poignet, le crochet fait face à sa proie frémissante. Il inspire, une grande bouffée d'air salé mélangé à la peur et la sueur froide de sa victime. Soudainement, la pointe du crochet vient transpercer la joue d'Erik, la lame crisse contre ses dents, le sang afflux, un hurlement de souffrance sort de sa bouche déchirée. L'estropié tente de supplier son bourreau, mais l'hémoglobine remplissant sa cavité buccale ne lui permet plus d'articuler. Pyke tire sur la chair, le forçant à se relever s'il ne veut pas voir sa joue se trancher en deux. Il l'emmène, sans grande délicatesse, vers le rebord du pont, là où la mer semble s'agiter. Les vagues réclament leur repas, et les squales ont l'air d'être présent ce soir, toujours affamés.
Le crochet finit par lacérer en deux les muscles de la mâchoire, le propriétaire de l'arme tirant un coup net, les lambeaux de chairs pendent et oscillent au grès du vent. Sa proie arrive à peine à crier, paralysé par la douleur et la vision de son sang s'écoulant abondamment. Le harpon se retourne une nouvelle fois dans sa main, puis un dernier coup vient achever l'homme, les dents de la lame se plantent dans le torse, puis se retirent, accompagnées de quelques morceaux de viande. La dépouille tombe en arrière, dans la mer, où les prédateurs se pressent pour le festin. Les yeux bleus savourent la scène pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Plus aucune trace d'Erik. Son autre main remonte sa liste à ses yeux, la pointe de son harpon vient rayer le nom qu'il vient d'éliminer, le sang faisant office d'encre.

Les abysses ont eu leur offrande de la soirée, et bien que l'assassin soit encore avide d'autres meurtres, le navire Noxien l'intrigue. Le nom de sa victime était sur sa liste, même s'il vient de Noxus. Pour lui, cela signifie qu'il y a de grandes chances que d'autres noms qu'il connaît se trouvent dans le bateau en question. Son regard se porte au loin, lorgnant la voile noire chancelante au grès des bourrasques de vent. Pendant quelques secondes, il hésite, restant immobile sur le pont, mais sa réflexion ne s'éternise pas longtemps et il finit par prendre sa décision.

Arrivé au quai où l'embarcation Noxienne est accosté, le chasseur se faufile entre des caisses de déchargements, passant facilement inaperçu. Ses yeux se lèvent en direction du bastingage, cherchant les membres d'équipage qui devraient surveiller l'embarcation. Deux hommes seulement. La garde n'est pas bien assurée. Tant mieux. Il s'approche d'une épaisse corde, reliant le voilier à un poteau d'amarrage et l'empoigne, le cordage lui servant à se hisser jusqu'à la coque. Escaladant le bois, un dernier saut lui permet de passer par-dessus le rebord. Ce n'était pas complexe. Il s'accroupi à son arrivée, se tenant vers l'avant du navire, il veille à rester là où les lanternes peinent à éclairer. Les deux matelots n'ont pas remarqué l'intrusion, ils sont trop occupés à jouer aux cartes, une bouteille de rhum dans la main. Deux imbéciles.

Contournant les picoleurs, Pyke en profite pour observer les environs. C'est bien la première fois qu'il se trouve sur un navire de Noxus, il y a quelques différences notables, mais l'engin reste sensiblement le même. Quelques pas, silencieux, puis il s'infiltre dans les cabines à l'étage inférieur. Ici, il ne risque plus de se faire repérer. L'intérieur est vide, tous sont partis dans les tavernes avoisinantes. Profitant du calme et de l'absence de vie, l'harponneur vagabonde sur son nouveau terrain de chasse, examinant les endroits où il a accès : les cabines, les dortoirs, la cuisine, le garde-manger, puis une sorte d'entrepôt où sont entassées des caisses de provisions et d'armement. Le dernier endroit semble plus discret, il pourra se terrer ici et se dérober facilement à la vue des autres. Parfait. Avant de passer la nuit, il retourne chercher une bouteille de rhum dans le garde-manger. De quoi dissiper son attente.

L'éventreur s'affale entre plusieurs caisses de bois, le camouflant entièrement. Le rhum dans une main, avalant quelques gorgées, son harpon dans l'autre, le faisant tourner entre ses doigts. Il pense déjà à la traque qui commencera, dès demain, lorsque le navire prendra la mer. Personne ne pourra lui échapper. Il tuera, un par un, chaque homme présent. Une lente et douce agonie de l'équipage tout entier. L'attente sera longue, mais délectable.

Bientôt.. Ils crèveront tous. Leurs corps flotteront dans la mer. Les Abysses réclament leur dû.

Un requin dans un filet de soie [PV Elise] Pyke_i10

La nuit fût calme, mais l'arrivée fracassante des marins en matinée a sorti la nouvelle terreur du navire de son profond sommeil. Il gronde son mécontentement, pour lui-même. La journée va être longue et ennuyeuse, Pyke se doit de rester à l'écart, discret, imperceptible, tout au long du jour. De toute façon, ça ne servirait à rien d'attaquer l'équipage entier, ils sont encore trop nombreux, trop éparpillés.

D'en bas, il peut entendre les bruits de pas, les beuglements de certains matelots, le chargement, tout ce qu'il se passe au-dessus de lui. Parfois, les ouvriers se rendent dans l'abri où se cache l'assassin, souvent ils ne vont pas assez loin dans le renfoncement pour le repérer, d'autres fois l'intrus doit se changer en brume et se déplacer entre les caisses. La situation ne l'enchante guère, mais les quelques moments où il croise un marin lui permettent de les jauger, d'écouter. Des noms sont déjà inscrit sur sa liste, ceux qu'il a entendu.

Des secousses le préviennent qu'ils ont remonté l'ancre, le voilier prend enfin la mer. Il était temps. Les vagues commencent peu à peu à s'entrechoquer contre la coque, la sensation d'être sur l'eau avait manqué à Pyke. Bien que la mer ne soit pas clémente, surtout aux abords de Bilgewater, chaque balancement du navire, vacillant entre le creux de deux vagues, sonne comme une douce valse berçante dans son corps. Il n'avait plus remis les pieds sur un bateau depuis longtemps, et ce retour aux sources parvient à calmer les pulsions meurtrières qui envahissaient ses pensées.

La nuit retombe lentement, le calme avant la tempête qui s'annonce. L'éventreur est impatient de se dégourdir les jambes, ainsi que de dégainer sa lame. Son harpon le démange, il a tendance à s'impatienter plus vite que son propriétaire.

Il peut entendre l'équipage partir dans les dortoirs, à deux portes d'ici. La traque peut enfin débuter. Ses jambes le relèvent, ses mains s'appuient sur les caisses qui l'entoure. La première porte s'ouvre, sa démarche est lente, aussi discrète qu'un félin, le chasseur n'a pas oublié comment se mouvoir sur une embarcation en pleine mer. Ses pas se coordonnent avec les balancements des vagues, anticipant les mouvements qu'il doit faire en conséquence. Plus un réflexe, pour éviter de se prendre les murs, qu'une réelle volonté de sa part. Il a gardé cette habitude, restée ancrée en lui depuis toutes ses années.

Seconde porte, derrière elle se trouve les dortoirs. L'harponneur arpente le couloir. Autour de lui, tous les moussaillons sont endormis à poing fermé. Ses yeux bleus flamboyants sont la seule source de lumière. Une lueur meurtrière, affamée. Un requin parmi un vulgaire banc de poissons. Il pourrait tous les massacrer, en silence, sans que personne ne s'en aperçoive. Ça serait simple. Trop simple. Ce n'est pas ce qu'il souhaite, non. Pyke veut semer le trouble au sein des Noxiens, que la panique s'empare d'eux, jour après jour. Tandis qu'il marche lentement, son regard se porte sur ses futurs victimes.

Qui aura l'honneur d'ouvrir la chasse ?

Il s'arrête devant un hamac, basculant au grès de la mer, où un matelot dort paisiblement. Quelques secondes passent, laissant le temps au seul homme éveillé d'admirer sa proie encore vivante, puis une main ferme vient se plaquer contre la bouche du marin, l'empêchant d'émettre le moindre son. Sa lame s'empresse de trancher la gorge. L'homme tente de se débattre, surpris, en panique, la peur monte brusquement, la paume fait pression sur sa mâchoire, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Le sang gicle, coulant le long de son cou, un torrent rouge inonde ses vêtements. Plus il lutte contre l'emprise, plus la douleur se fait ressentir. Il ne faut que quelques secondes d'agonie avant qu'il ne s'évanouisse.

L'opération se répète, dans un silence de plomb. Seul le bruit du harpon taillant la chair se fait entendre, suivi de grondements étouffés. Cinq âmes pour les profondeurs. L'assassin quitte le dortoir, laissant derrière lui les cadavres se vidant de leur hémoglobine sur le sol de bois, les draps s'imprégnant de pourpre, l'odeur du sang submergeant la pièce.
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