Les armures se mouvaient comme de beaux diables, au centre de cet imposant cercle de pierre. Ils n'étaient que deux, et pourtant ils occupaient autant de place qu'une armée. Ils n'étaient que deux, mais ils possédaient l'aura de milliers hommes chacun. Ils n'étaient que deux, mais ils étaient des centaines, et des centaines à les regarder combattre en ce jour. On ne voyait nullement leur visage, seulement une armure identique, intégrale, chacun portant un capé bleu et or, estampillé du symbole de Demacia.

Le combat durait depuis bien trop longtemps pour que ce duel ne soit qu'un simple échange d'ouverture. On aurait presque dit que les deux combattants avaient quelque chose à régler entre eux. Seul une partie des occupants des gradins privés savaient de qui il s'agissaient. Garen, parmi eux, avaient insisté pour que Falgard et Darmir offrent le spectacle du duel d'ouverture. Ils étaient frères, et tout deux originaire de Haut Lac d'argent. Il les connaissait bien, et ils étaient plus soudés que n'importe quels autres membres du détachement hardi, auquel ils appartenaient. Un duo diablement efficace, qui avait ses forces.. et ses faiblesses.

Leur envie de se dépasser mutuellement pouvait être une bonne chose, mais aussi un poison insidieux. C'est afin de satisfaire sa curiosité concernant le plus fort d'entre eux, que Garen insista pour nommer ses deux soldats à ce rôle, aujourd'hui. Mais aussi pour essayer de leur faire prendre conscience de bien des choses. L'ainé Crownguard avait ses coudes sur les jambes, ses mains jointes cachant sa bouche, absorbé par le duel, jusqu'à ce qu'un des deux chevaliers vacille. Il avait perdu l'équilibre et tentait de retrouver un semblant de stabilité, la foule inspirant un grand coup et marquant un grand silence. Il allait donc perdre?

C'est en regardant son adversaire que tous comprirent que non. Le second,s'appuyait sur son épée, épuisé, tentant de retrouver son souffle. Une fois tout deux sur pieds, ils se jaugèrent du regard, marquant une légère pause dans leur affrontement, marquant leur fatigue, marquant leur égalité parfaite. C'est au moment ou ils firent chacun un pas, ensemble, dans un rythme parfaitement synchronisé, qu'il se laissèrent poser un genoux au sol, dans leur élan respectif. Ils se regardaient, dans le blanc des yeux, et eux seuls, ainsi que leur compagnon d'armes, savaient qu'ils arboraient tout deux un sourire mêlant complicité et bravade.
C'est à ce moment qu'une voix forte, presque tonitruante, emplit l'arène d'un écho qui laissait les mots clairement compréhensible. Garen se tenait au bord des gradins qu'il occupait avec sa famille eu d'autres invités de marque, entamant un discours d'ouverture, plus appuyé et soutenu que celui lancé avant ce combat.

"Citoyens de Haut-Lac d'Argent, peuple de Démacia ! Ce que nous venons de voir, ce dont nous sommes témoin, est à notre image. Ces deux combattants sont ce qui cristallise notre armée, et notre façon d'être. Refuser de lâcher un seule pouce de terrain face à l'adversité. Aller jusqu'au bout de nos convictions, quoi qu'il en coûte !

Si aujourd'hui ce tournoi a lieu, ce n'est pas pour satisfaire une soif de violence, ce n'est pas pour offrir de l'or, une propriété ou un grade aux gagnants. Non ! Ce jour est pour rappeler à tous ce qui nous caractérise, nous rappeler que nous sommes unis, que nous sommes forts. Ce jour est pour montrer à tous ceux qui se battent pour vous, qu'ils seront toujours soutenus, et pour vous montrer que ceux qui se battent pour vous sont inflexibles !

Citoyen de Démacia, peuple de Haut Lac d'Argent ! Que ce tournoi vous rende plus fier que vous ne l'êtes déjà de vous même, que la fête batte son plein, et que perdure notre paix, ainsi que notre royaume ! Pour le Roi, pour Démacia !"

Il leva le poing à ces mots, comme pour marquer la fin de son monologue. Un cri à l'unisson retentit dans l'arène, et Darmir et Falgard firent de même, coupant cour à leur duel, se retenant d'haleter pour soutenir leur prestation. Ils savaient aussi que cela marquait la fin de leur duel, et c'est sur un signe de l'annonceur des combats, qui allait les rejoindre, qu'ils quittèrent la terre de combat sous l'acclamation des spectateurs galvanisé par le discours de l'ainé Crownguard, et par leur démonstration.

Garen lui, était maintenant retiré dans les gradins, sous les sourires approbateurs et fier de son père, sa mère, et de quelques autres nobles et amis. Il leur rendit ce visage enjoué, avant de retourner à ses futurs obligations, concernant les combats futurs. Il allait s'entretenir avec les prochains participants, et fut rejoint sur la route, dans les escaliers de pétricite par Théodoric, qui l'attendait de l'autre coté de la porte.

"Très beau discours, Commandant.
-Tu sais que je déteste ça, Théo.
-Oh oui je le sais. Mais il était parfait.
-Je suis bien plus doué pour galvaniser toi et les autres, une armée, que pour motiver le peuple.
-Oh vous savez, je ne crois pas. Si vous en êtes la ou vous êtes aujourd'hui, c'est parce que vous êtes un meneur d'homme. Aussi bien sur le plan militaire que.. Enfin, sur tout les plans. Pourquoi vous n'avez pas commencé par un discours de ce calibre, avant le combat?
-Tu veux vraiment savoir?"

Il haussa les épaules, en souriant à moitié.

"Je n'avais rien préparé. J'ai fini par improviser.
-Et vous dites que vous n'êtes pas doué pour ça?!"

Ils finirent par éclater de rire ensemble, alors qu'il rejoignaient les couloirs s'affairant, remplis de soldats, chevaliers, écuyers et d'employés, ainsi que de visiteurs. Le tout se mêlait sans aucun problème, dans une fluidité exemplaire, alors qu'on aurait pu penser assister a un vrai chaos en voyant tant de monde.

"Au fait, Commandant. Vous comptez participer, ou vous n'êtes ici que pour assister?
-Je ne me montre pas en spectacle, en général. Tu le sais. Mais disons que parfois, il faut faire quelques sacrifices, tu ne crois pas ?
-Le sacrifice, c'est plutôt celui ou ceux qui seront contre vous, vous savez.
-Rappelle moi, tu participes c'est bien ça?
-Je crois que j'ai une crampe à l'estomac.."

Garen posa fermement sa main sur l'épaule de son camarade en riant, avant de reprendre plus belle.

"Prend ça comme un entrainement."