Style de combat : >

Ivern exècre la violence. Ce qui lui importe avant tout est que la vie prospère, en symbiose et en paix. Ainsi, il a développé un sens aigu de la diplomatie et de la communication, tout du moins avec la population des forêts.
Il est d'un naturel extrêmement calme et positif, et ce même face à la violence humaine. Quand ceux-ci menacent la nature, Ivern les en empêche, mais leur offrira toujours une chance de réparer leur erreur. Mais quand cela ne suffit pas et qu'un
coup de racine dans le derrière est nécessaire, Ivern met en marche réseau d'amis pour l'aider ! Tous, des plus petits végétaux aux grands mastodontes, viendront l'aider s'il le faut !
Pour lui l'entraide, le partage et l'amitié n'ont pas d'égal.
De plus, Ivern sait énormément de choses sur son milieu de vie. il saura sauver ses alliés comme nul autre dans un milieu qui lui est familier. Soins à base de plantes, outils pour protéger, il pourra utiliser sa puissante magie pour offrir tout cela avec l'aval de son environnement tout entier.




Ivern posa sa main sur le tronc rugueux, et se pencha sur la trace écarlate qui se détachait sur l'écorce blanche. Sur son épaule, un pie jacassait tandis que ses consœurs lui faisaient écho.

"- Mais où a-t-il bien pu aller ?! Vous vous rendez compte ? Regardez tout ce sang !! Parmillon n'est pourtant pas du genre à disparaître, encore moins avec une blessure !! C'est affreux, allons-nous le trouver ?! C'est affreux, c'est affreux !!

- Allons allons... Calmez-vous mes amies. Parmillon est certainement en sécurité, et nous allons le ramener aux siens. La tribu des lièvres gris du nord est réputée pour ses talents de discrétion face aux chasseurs. Je suis convaincu qu'il sait où il va."

Ivern tenta de rassurer ses informatrices ailées, fidèles à leur poste, mais pourtant, même elles n'avaient pas retrouvé le disparu. C'est pourquoi Ivern s'était lui même mit sur ses traces, réquisitionnant une patrouille entière de taupes ouvrières et un régiment de singes octapèdes pour scanner les environs.
Mais aux premières traces de sang, Ivern ne pouvait ignorer la boule qui se formait dans son ventre. Et s'il lui arrivait malheur ?!
On ne pouvait que supposer la cause de sa disparition, mais souvent, celle si s'avérait être des chasseurs. Non pas que l'Aîné de la forêt en veuille aux humains, ils subsistaient à leurs besoins après tout, comme chacun dans la forêt, mais voir un ami disparaître était toujours une épreuve, et les chasses n'allaient pas en diminuant. La période de pluie chaudes prenait fin, et les vents du Grand-Nord, là où il pleut blanc, arrivaient.
Les besoins en nourriture des humains accroissaient à cette période, de même que les oiseaux et rongeurs font des provisions pour l’hibernation, ou que les plantes se délestent de leur feuillage encombrant. De plus, ces derniers jours, de sombres nuages s'amassaient dans la région, n'augurant rien de bon...

Ivern se redressa, et, perché sur ses gigantesques échasses de bois noueux, gonfla le torse.

"- Allons ! Retrouvons ce brave Parmillon, et tout cela sera derrière nous !"


Ce matin, la journée avait terriblement bien commencé. Pour Ivern, chaque aube était un spectacle époustouflant, et il se surprenait toujours à rêvasser devant l'éveil silencieux du soleil, même lorsque celui ci fut vite caché par les nuages gris de ces derniers jours...
Une fois sur racines, il avait fait son tour des bonjours matinaux, avait joué avec les coccinelles tigres, et s'était enfin posé aux cotés de Maomus, l'inconsolable saule pleureur, en compagnie de Marguerite. Elle trouvait toujours un jeu pour lui changer les idées !!
Tout allait bien jusqu'à l'arrivée en trombe de la petite nuée de volatiles. Il avait consulté les lièvres gris, aucunes information... Les imperturbables suricates guetteurs, pas plus au courant. Alors là... Il se trouvait presque à court d'idées...

"Cherchons le chasseur ! Celui ci sera plus facile à trouver, et il nous mènera certainement à Parmillon." S'exclama Ivern.

D'un pas incroyablement grand et décidé, il se mit en marche, accompagné de toute la troupe de commères.

Au dessus de la forêt, les nuages noircissaient lentement...




Cachée sous un buisson épais de fougères, elle était accroupie, trempée et frigorifiée. La tempête s'était abattue sur la forêt en quelques minutes à peine, et désormais, il faisait si sombre qu'on distinguait mal à plus de deux arbres de distance.
Le tonnerre grondait, et les nombreux éclairs dissuaderaient n'importe qui de sortir de sa cachette. La pluie battante résonnait comme un tambour incessant sur les feuilles, tel qu'elle soupçonnait que ça n'était plus des gouttes mais des grêlons qui tombaient à présent.

Dans ses mains, le corps sans vie était trempé et tout aussi frigorifié. La fourrure à l'origine grise semblait presque noire. Elle le sera contre son torse.
Elle n'aurait pas fait tout ça pour rien, pour finir gelée sous un buisson à cause d'une tempête. Non, elle devait s'en sortir.


De leur coté, Ivern et ses compagnons avançaient lentement. Perchés sur ses épaules ou sa tête, tous étaient protégés tant bien que mal par l'épais feuillage de buis qu'avait fait pousser le géant au dessus de lui. Mais dans tout les cas, l'exploration semblait vaine : Il faisait si sombre, même Ivern qui connaissait cette forêt avec précision ne s'y retrouvait plus !

Un éclair traversa le ciel, et dans la lumière qui illumina brièvement les environs, il vit une petite silhouette foncer dans ses jambes, se cogner et tomber, effrayée. Dans le même temps, juste à sa droite, un tronc tangua.
Des craquements s’enchaînèrent, puis l'arbre se mit lentement à chuter sur l'humain encore à terre. Il prit de la vitesse, prêt à écraser l'inconnu sous lui.

"ATTENTION !!" Cria Ivern. Il élança ses deux bras, les étendant et les consolidant vers le sol, créant deux bûches solides en travers de la trajectoire de l'arbre. Celui-ci percuta la barrière, arrachant un gémissement à Ivern, avant de rebondir et rouler vers le sol. Un silence suivi, dans le vacarme de la pluie qui les entourait tandis que l'Aîné ramenait à lui ses bras.

Ivern tenta une approche, hésitant, tout en criant pour se faire entendre.

"Est-ce que... Est-tu blessé ?"

Un autre éclair zébra le ciel. Le visage levé vers lui montra une jeune femme hors d'haleine, tenant dans ses bras la dépouille d'un lièvre. Tout fit sens dans sa tête. Les pies sur son épaule, recroquevillées entre elles piaillaient entre elles.
Quant à l'humaine, elle ne répondait pas. Il se baissa et lui tendit un bras, affichant un maigre sourire, si tenté qu'elle puisse le remarquer...
Il se mit à réfléchir, il leur fallait un abri plus sûr... Les amas rocheux les plus proches était trop loin, il fallait être créatif.

"Bien, écoutez-moi tous !! J'ai une solution, approchez vous de moi, vite !!"

Quelques animaux s'était invités sur lui entre temps. Il tira doucement près de ses jambes la fille, puis s'accroupit lui-même, avant de fermer les yeux.
Le bruit ambiant ne l'aidait pas, mais il fallait se concentrer profondément s'il voulait exécuter avec soin son plan.

Lentement, des brindilles tortueuses se mirent à pousser sur son corps, illuminées à leurs extrémités par des éclats verts. De l'énergie pure sembla envahir son être, et il inspira. Et d'un coup, les branches se multiplièrent encore et encore, grandissant et se dirigeant comme indépendamment les unes des autres. Tous était silencieux, fascinés par le spectacle qui se déroulait.
Les rameaux se pliaient et se dépliaient, se courbant dans un forme sphérique qui sembla les englober doucement dans une bulle. Au fur et à mesure qu'elle se refermait, la couche de bois s'épaississait dans un imbroglio inextricable de branches, et les sons extérieurs s'étouffaient lentement.
Au moment ou elle fut enfin scellée, la pluie semblait comme lointaine, comme si elle s'était tapie dans un coin de leur esprit. Il faisait noir, et l'humaine s'était recroquevillée sur elle. Elle ne sentait plus le vent, mais le froid était encore présent. Avec irrégularité, des étincelles douces et lumineuses s'allumèrent, semblables à des bougies, vacillantes et légères.
Petit à petit, l'alcôve fut nimbée d'une lumière voilée et rassurante, telle qu'elle paraissait presque les réchauffer. Le visage du géant apparu, serein, et les fourrures roulées en boule autour de lui, les oiseaux serrés les uns aux autres, toutes les petites bêtes semblaient ne former qu'un avec lui.

La jeune fille le regarda, et sourit doucement.

"Merci." chuchota-t-elle.

"Repose-toi, mon amie. Tu es ici en sécurité." répondit-il sur le même ton, en tendant une main.
Sous ses doigts apparut alors une mousse épaisse et duveteuse, recouvrant le sol autour d'eux.

A peine la jeune fille allongée, elle s'endormit avec un soupir d'aise.




A son réveil, des rayons de soleil lui chatouillaient le visage, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, la tempête n'était plus. Le ciel était d'un bleu clair et lumineux, et la forêt montrait un visage bien différent de la veille. Les arbres semblaient plus verts que jamais, et la mousse qui l'avait supporté dans la nuit s'était étendue à l'ensemble du périmètre. Le sol était éclatant, ponctué de touches vives de couleurs, de rochers et de buissons généreux.
Non loin de là, Ivern était perché sur ses jambes interminables, nourrissant des bébés oiseaux dans leur nid avec des exclamations et rires constants.

"Je te connais, n'est-ce-pas ?" Elle s'approcha de lui.

A ses mots, l'arbre se tourna sur la fille.

"Ah ?! Vraiment ?" Il paraissait tout à fait curieux.

"- Tu es Ivern, l'esprit bienfaiteur des forêts. Je t'ai rencontré il y a longtemps. J'étais une enfant.

- C'est vrai ?! Ohoh, quelle tête en l'air je fait, et alors... Rappelle moi ton prénom s'il te plaît ?

- Je m'appelle Variya." Elle sourit doucement, et lui se tapa la tête.

"Tu est cette jeune enfant au pot de fleur !! Mais bien sûr, je reçois tellement peu d'enfant par ici !!

- C'est exact." Elle fit une pause. "Je n'ai jamais oublié ce que tu m'avais dit ce jour là tu sais ?

- Et c'est tout à ton honneur, mon enfant." Un silence plus long suivit. Variya paru gênée.

"- Pour le lapin... Je comptais faire cela dans les traditions. Enterrer les ossements, prier pour son esprit.

- La nature t'en remercie, Variya."

Il s'accroupit à coté d'elle, regardant l’époustouflant paysage sous leurs yeux.

"Tu vois, la nature le prouve à tout les instants. Elle semble parfois à imprévisible, mais elle est toujours du même coté : Celui de la vie ! Cette tempête est certainement une épreuve pour tous, mais au final, tous y profitent... Et il faut toujours remercier la nature...

- ... Comme il se doit." Ivern se retourna sur la fille et rit à gorge déployée.

"- Oui, exactement, tu as bien raison ! Allons !! Tu devrais retrouver les tiens, ils vont s'inquiéter. N'est-ce pas ?"

Variya acquiesça avec un grand sourire.

Chez elle, le pot de fleur offrait cette année une douzième floraison, toujours plus colorée et riche que la précédente.