Style de combat : >
La voie du Fil a enseignée une chose primordiale à Talon: il faut tuer en un coup unique. Attaquer dans le dos n'a jamais vraiment été un problème pour l'assassin, considérant qu'il faut toujours exploiter la moindre faiblesse de sa cible si l'on veux mener à bien un assassinat. Talon favorise très souvent les angles morts, profitant de l'effet de surprise pour porter un coup décisif et mortel, plongeant sa lame dans le corps de sa victime afin d'atteindre un point vital et de se retirer aussi furtivement qu'il est apparu. Tout cela demande un effort musculaire considérable et une très grande concentration de la part de l'assassin, car s'il rate ou que sa cible est encore en vie, il perd de précieuses secondes d'échappatoire.

Ce qui fait sa plus grande force et qui est la preuve de son assiduité dans la voie du Fil, c'est que rien n'est jamais dû au hasard pour la Lame des Ténèbres : il prépare toujours ses missions avec le plus grand soin, récoltant toutes les informations qui lui semble nécessaire pour mener à bien les plans de ses maîtres. Ainsi, au-delà même des informations qu'il peut récolter sur sa cible, que ce soit ses capacités physiques, son équipements, ses ressources et contacts, il ne néglige en rien la disposition géographique des lieux où il doit opérer, prenant connaissance de l'architecture naturelle ou artificielle en présence, ainsi que passages sûrs qui lui permettront d'atteindre son objectif dans la plus grande discrétion. Même les conditions météorologiques peuvent à ses yeux changer le déroulement de l'opération, c'est pourquoi il prévoit toujours plusieurs plans en parallèle de l'initial, afin de conserver le contrôle et de s'assurer de la réussite de son assassinat. C'est grâce à toutes ces précautions que Talon est encore à ce jour l'une des trois lames les plus efficaces de tout Noxus.

En de très rares occasions, le combat de front ne peut être évité, et dans ces cas-là, Talon doit agir d'une tout autre façon pour parvenir à ses fins : usant de toutes ses ressources, l'assassin meut son corps avec aisance afin de se rapprocher rapidement de son adversaire, essayant de repérer une ouverture dans sa garde et de plonger dessus à la première occasion. S'il y a plusieurs opposant, il se déplace de sorte à ce que les lames attachées à sa cape fendent l'air et dissuadent quiconque de l'approcher de trop près ; il en profite pour se concentrer sur une cible à la fois, faisant preuve de réflexes vifs et de mouvements imprévisibles pour se débarrasser rapidement de ce qu'il estime être des "contretemps".

Enfin, et outre sa cape atypique de lames, Talon use également de couteau de lancer. L'avantage de ce type d'arme de jet, c'est qu'ils sont furtifs et très efficaces, se fichant profondément dans la chair afin de ralentir les mouvements de la cible. Toutefois, rien ne semble plus mortel que la lame argentée attachée à son bras droit : ayant tranchée plus d'une jugulaire dans toute sa carrière, elle ne lui a jamais fait défaut... Et de là à parler d'une lame parfaite, il n'y a qu'un pas.


Autrefois, les remparts de la cité Noxienne pouvaient paraître imposantes et sombres. Un mur de pierres menaçant, dont l'ombre engloutissait chaque rue, chaque bâtisse, chaque mendiant et miséreux des bas-quartiers... Il en résultait un sentiment d'oppression, de danger constant, renforcé par la forme intimidante du Bastion Immortel. Cette impression se rappelait chaque nuit, lorsque la lumière de la Lune venait étendre cette obscurité sur des visages livides, dépourvus de toute volonté... Si ce n'est survivre un jour de plus.

Aujourd'hui, la vision qu'on peut en avoir est légèrement différente... En fait, tout est une question d'utilité : pour les soldats et les habitants de la cité, ces remparts sont une protection et un symbole de l'inébranlable puissance noxienne... Pour d'autre, pour ceux qui se faufile dans les zones d'ombre qu'elles créées, pour ceux qui savent exploiter leur hauteur et se déplacer rapidement d'un endroit à un autre, pour ceux qui veille en haut des tours de guet comme un aigle à la recherche de sa proie... Ces remparts sont leur arme.

Mon arme...

La brume a recouvert la cité endormie... Les quelques lueurs parvenant à s'extraire à travers ce voile proviennent des rares baraquements et bars de la basse-cité... Le seul bruit audible est celui  du vent frais annonçant l'arrivé prochaine de la saison froide, ainsi que le cliquetis léger d'enseignes bougeant au gré du souffle de la brise. On pouvait surprendre la venue de quelques patrouilles de gardes ou de simples passants, flânant, titubant, mais toujours un œil en alerte... Car ils savent que Noxus est capricieuse la nuit... Il peut arriver que certaines personnes disparaissent au coin d'une allée, comme ça, sans un bruit... Seule la Lune sait ce qui advient d'eux.

Cependant, cela ne veut pas dire que la vérité ne finis jamais par refaire surface.
La traque d'une réponse est surement celle qui demande la plus grande préparation... Car ce n'est pas forcément quelqu'un ou quelque chose qu'il faut trouver... Parfois, ce ne sont que des bribes, des éléments aussi légers que des murmures, difficiles à déchiffrer, menant sur de fausses pistes ou des indices aussi risibles que des miettes de pain. Pourtant, la vérité est là, quelque part, dormant et cachée de la vue de tous, attendant que quelqu'un la trouve... Du moins... Si elle est souhaite être trouvée.

La cible est en l'occurrence un homme, un membre d'une petit famille de la noblesse noxienne, installé depuis quelques mois dans une bâtisse dans les quartiers intermédiaires de la cité impériale. La seule différence avec les bas-quartiers ne résident que dans le nom : il n'y a pas plus de garde et les bâtiments se succèdent les uns après les autres, se mêlant à des campements et des fosses menant aux profondeurs même de capitale. En fait, la seule chose notable, c'est que les remparts permettent d'accéder plus facilement aux toits des bâtiments... Un atout utile s'il en est... D'autant que l'homme a eu la bonne idée, ou plutôt mauvaise dans son cas, de s'installer dans le grenier de l'auberge où il s'est terré. Son insouciance et le sentiment de sécurité qu'il peut y trouver va rapidement le perdre, car cette nuit, cette nuit même où la brume s'étend comme un filet au dessus de lui... Il va mourir.

Alors qu'il pense s'occuper l'esprit en écrivant dans un carnet, il ne remarque pas la présence d'un danger mortel... Juste derrière lui, a peine caché dans la pénombre de la pièce, seulement éclairée par la faible lumière d'une bougie dont la cire est presque épuisée... Il ne remarque pas tout de suite cet élément intrusif dans ce cocon impénétrable qu'il s'est crée... Ou qu'il pense s'être crée. Son souffle est calme, mais une légère irrégularité au fond de sa gorge peut s'entendre... Il commence à saisir que quelque chose ne va pas, qu'une sorte de point noir s'est introduit dans son refuge. Il se retourne, avec une certaine prudence, la main sur un poignard misérable, espérant y trouver là un signe de courage et surtout, un lien avec ce sentiment de sécurité que l'intrus est venu perturber... Mais malheureusement pour lui... Ce lien a été coupé depuis bien longtemps.

- Qui... Qui est là?

Nul réponse ne devait être attendu de ma part... Je savais que l'homme ne dirait rien, mais ses écrits eux...

- Mon... Montrez-vous !

La luminosité de la pièce commençait petit à petit à flancher... Les ombres gagnaient un peu plus de terrains à mesure que les secondes s'écoulaient, leurs griffes enveloppant la piètre zone de confort du nobliaux... Les battements de son cœur étaient audibles et la sueur s'accumulait sur son front... Ses yeux tentaient en vain de percer l'obscurité pour percevoir la menace... Mais c'était trop tard... Beaucoup trop tard.

La lueur de sa bougie, son phare dans cette pénombre, s'éteignit... Il n'eu le temps d'avancer que d'un pas, avant que le bruit clair d'une lame vint à la rencontre de son ridicule poignard... Puis, ce fut le son furtif d'un tissu que l'on tranche vivement, un coup net dans l'obscurité... Suivie d'un long râle, un horrible bruit étouffé par un fluide sombre s'échappant de sa gorge, se déversant le long de son corps rachitique et giclant sur le mur et le sol... Enfin, ce fut le bruit sourd de sa chute sur le plancher, son corps s'étendant de tout son long... Le liquide putride continuant de couler comme un flot discontinue... Seule l'obscurité et la mort occupait la pièce à présent... Cela, et une ombre... L'éclat de la Lune, perçant la brume dehors vint se refléter dans ma lame argenté, à présent teinté de carmin, comme s'abreuvant du sang de ma énième victime.


Les notes de son carnet ne révélèrent malheureusement rien de très probant... L'homme trempait dans des échanges clandestins d'épices et de minerais avec quelques marchands shurimiens d'Urzeris. Cette information avait certes son importance : la dénonciation de cette exploitation illégales des richesses shurimiennes pouvait amener à la déchéance de la famille impliquée et permettre à la maison Du Couteau d'affirmer un peu plus sa position auprès du Trifarix... Mais cela n'avait aucun rapport avec le Général.

Je ne devais pas rester sur cette déception... J'allais exploiter d'autres pistes. Qu'importe si le sang doit continuer de couler... Telle la Lune dans la brume, l'éclat de ma lame parviendrait à trancher ce voile de secrets... Oui... Je trouverais le responsable de la disparition de mon mentor... Je le ferais parler... Et pour l'honneur du Général... Il payera.